La liberté de circulation, un leurre en Côte d’Ivoire

Publié le par Denis-Zodo

Le Cadre permanent de concertation (CPC) de l’accord politique de Ouagadougou, au cours de sa cinquième réunion le 18 mai 2009 dans la capitale burkinabé, en avait fait une préoccupation majeure.


En son point 17, le CPC « relève avec regret, la persistance des obstacles à la libre circulation des personnes et des biens, du fait de la multiplication des barrages routiers et du phénomène du racket et appelle les autorités ivoiriennes à agir avec fermeté contre ces entraves qui constituent des freins à la relance de l’économie nationale et à la libre circulation des personnes et des biens ».


Cela dit, la question demeure. Puisque la Côte d’Ivoire continue de traverser les mêmes déboires. Chaque jour, des centaines et des centaines de personnes sont persécutées à travers les routes du pays, sur les artères des grandes villes de Côte d’Ivoire.

La dernière fois, un homme a été pris dans la commune d’Adjamé et fourré dans un véhicule de police. Dépouillé, il a ensuite été jeté dehors avec son sac en plastique. A la question de savoir si on lui a pris de l’argent, sans faux-fuyant, il a affirmé que tout son argent est parti aux mains des gendarmes et policiers du Centre de commandement des opérations de sécurité (CECOS).


Avant-hier, un homme d’un certain âge qui transportait un sac devant une femme, a été arrêté par un agent de police toujours à Adjamé. La fouille était en cours, quand la propriétaire arrive sur les lieux. « C’est mon bagage qu’il transporte pour rémunération. J’ai des bananes et des avocats là-dedans. Sont-ils interdits dans ce pays ? », interrogea la dame. L’agent de police, la honte au visage, laisse refaire les bagages et poursuit sa route.


Hier, c’étaient des hommes avec des chapeaux sur la tête et des balafres sur les joues qui, à bord de leur véhicule, qui ont été arrêtés. Tout simplement parce qu’ils n’ont rien à voir avec des Ivoiriens. C’étaient en réalité, des ressortissants nigérians. Et là encore, alors qu’ils avaient tous les papiers en règle, ils ont été maintenus là, sans raisons valables.


Aujourd’hui, dans la commune d’Abobo, c’était ce jeune conducteur d’un véhicule en commun, communément appelé « gbaka » à Abidjan, qui a eu maille à partir avec un agent de police au contrôle. Les pièces de la voiture au complet, n’ont pas suffit pour convaincre le policier qu’il n’avait pas droit à la piécette de 500f ce jour là. Mais l’agent véreux va maintenir entre les mains les pièces du véhicule, créant du coup un bouchon, puisque le conducteur était mal stationné. Craignant les injures des passagers, le policier se résout à rendre les papiers et à laisser continuer le « gbaka ».


Le même jour, devant la gare de train d’Adjamé, un vieil homme à la barbe blanche, portant un boubou blanc, était à bord d’un taxi quand ils ont été sifflés. « Celui là ne doit pas être un Ivoirien. Peut-être un malien ou un Burkinabé. Pourquoi pas un Nigérien », ont certainement pensé les agents. Erreur ! Puisque le vieil homme, sans descendre du véhicule, leur tend ses pièces. C’est un Ivoirien qui a les pièces au complet. Les pièces de la voiture sont demandées. Idem. Tout est au complet. Mais nos chers agents vont devoir imaginer une faille, pour faire payer le conducteur du taxi. La réaction du vieil homme est violente. « Allez-vous nous laisser aller oui ou non ? Parce que vous n’aurez pas 1 franc de nous. Et si vous insistez, nous vous le donnerons, mais vous ne l’utiliserez pas pour vous. Peut-être vos proches », a menacé l’homme d’un certain âge. En d’autres termes, les policiers, après avoir reçu l’argent pourront en mourir. De quoi faire peur aux agents qui ont intimé l’ordre au conducteur de poursuivre son chemin.


Demain, ce sera encore un lot de personnes, généralement analphabètes, qui font de petits travaux sur nos marchés, pour avoir de quoi manger, qui seront happés par des agents. Et dans une pénombre, seront dépouillés du fruit de leurs labeurs.

Ça, ce n’est pas bien pour et dans un pays qui veut se réconcilier avec lui-même et avec ses voisins.

Les droits de l’homme sont importants. Et parmi eux, figurent la liberté de circuler.


Le général Mangou, chef d’état-major des Forces de défense et de sécurité(FDS) avait pris à bras le corps, la question des faux barrages et du racket. Où en sommes-nous maintenant ? Il faut continuer de sévir.


Doit-on croire que ceux qui ne croyaient pas à la poursuite de cette mesure avaient raison ?

C’est le lieu d’ouvrir les yeux, conformément à l’appel du CPC.

Publié dans société

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P
les policiers ont besoin d'une éducation civique . en effet, depuis plusieurs mois les policiers sensés protéger la population, c'est le contraire, cette dernière est victime de leur violence , un vrai cochemar!!!.
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D
<br /> merci de votre visite<br /> <br /> <br />