Sociétés de sécurité privées en Côte d'Ivoire: Quel crédit dans la réinsertion des ex-combattants ?

Publié le par Denis-Zodo

Dans le cadre du Désarmement, Démobilisation et Réinsertion des ex-combattants, plusieurs structures sont visées, notamment. Il s’agit, entre autres, des sociétés de sécurité privée et des entreprises de transport de fonds. Cependant, en raison de la suspicion et la méfiance que chacun a à l’égard de ces structures dont l’image est ternie par les abus quotidiens, quel crédit peut-on accorder à une telle politique de réinsertion dans le domaine des sociétés de sécurité ?

Ces sociétés de sécurité sont-elles objectivement outillées pour intégrer sans difficultés ces jeunes dont la tâche essentielle a été le maniement des armes de guerre ?

Quelle est l’intension réelle des promoteurs de ces structures dont les responsabilités politiques et partisanes sont sans équivoque ?

Les sociétés de sécurité privées sont les sociétés qui assurent les tâches de sécurité de proximité dont les compétences en la matière sont très réduites. Alors que ces structures qui étaient très rares en Côte d’Ivoire dans les années 70 vont connaître un développement considérable à partir de 1998. La crise qui a député depuis 2000 a favorisé une prolifération de plusieurs sociétés de sécurité dont la plupart, non agréées, exercent les tâches de gardiennage et de protection rapprochée. Cette prolifération anarchique a son secret. Selon l’Union patronale des entreprises de sécurité privée et de transport de fonds de Côte d’Ivoire (UPESPCI), sur 310 sociétés de sécurité inscrites, il n’y a que 90 qui sont légalement constituées. Les 220 autres exercent donc en dehors de la loi, n’ayant pas d’agrément. Pourtant, ces structures mènent en toute quiétude leurs activités parmi lesquelles il y a des concessions du domaine de sécurité publique. En claire, ces structures assurent des missions ordinairement dévolues aux forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire.

Par exemple, elles assurent des missions de police périphérique en soutenant la police locale souvent débordée. Le secteur est très désorganisé. Et l’anarchie est grande dans ce milieu, les personnes, souvent des politiques, n’ayant la qualification, ni des compétences en matière de sécurité, se sont ruées vers la création de ces sociétés de sécurité privées parce que ce secteur est juteux aujourd’hui. Les bailleurs de fonds s’y intéressent, car ils y voient un secteur d’insertion des ex-combattants. Mais, il faut connaître les réalités internes pour comprendre le devenir d’une telle entreprise. Il est vrai que les propriétaires s’en tirent à bon compte. Mais, ce n’est pas le cas pour les hommes de terrain qui veillent le jour et la nuit sur la sécurité des personnes et de leurs biens. Les gardiens, agents de sécurité ou vigiles subissent une injustice criante et une  exploitation indigne d’un Etat de droit. Ce secteur connaît une véritable exploitation de l’homme par l’homme. Très souvent, sans statut, sans
contrat de travail, ces agents travaillent dans ces structures, car préoccupés par la survie. Le code travail est donc relégué aux oubliettes. Les injures, les accidents, les licenciements abusifs sont le quotidien de ces braves agents devant le mutisme total de l’Etat.

Où est-il ? Que pense-t-il de la situation?

Les arriérés de salaire et les retenus sont très fréquents, alors que ce salaire est lui, très dérisoire malgré le risque que comporte ce métier. Il n’y a aucun avantage; pire, ils ne bénéficient d’aucune couverture médicale. En raison de tout cela, ce milieu est toujours l’objet de trouble, et finit par ternir l’image de la corporation avec les escroqueries et autres délits.

L’Etat en est responsable, car il n’a pu intégrer une réglementation claire dans ce secteur, si bien qu’on assiste souvent à une récupération politique du secteur. Dans ces conditions, est-il conseillé d’y affecter des ex-combattants ? Rappelons que les milices créés, entretenues et armées par les deux camps hostiles sont des personnes concernées par la réinsertion. En effet, les jeunes gens, qui dans les casernes, dans les forêts, dans les cités universitaires, dans les quartiers et villages ont appris le maniement des armes et l’instruction militaire, ne sauraient être abandonnés dans la nature au risque de créer les conditions de trouble et d’insécurité permanente. Au moment où la guerre prend fin, il faut abandonner les activités et aux personnes criminogènes, c’est-à-dire ceux qui ont des pouvoirs de nuisance. D’où leur insertion dans les structures socio-économiques afin de leur permettre de répondre à leurs besoins alimentaires. Ils sont au nombre d’environ 20.000 ex-combattants qui attendent encore. Les sociétés de sécurité qui reçoivent les autorisations de complaisance en principe ne doivent pas être intéressées. Ce secteur nécessite préalablement un assainissement, car il est en proie au désordre. Le Directeur de la société du territoire (DST) doit revoir les autorisations délivrées, car selon le président de l’Union des Entreprises de sécurité,  les autorisations sont distribuées à la jette aux personnes non sérieuses » (le quotidien notre voie  du 16 mai 2008). Le danger est l’horizon, étant entendu que derrière ce désordre peut se cacher une intension obscure, celle de former ou de regrouper des éléments bastilles à un groupe dans le but de réagir au moment opportun. On l’a vu, il en existe dans les deux camps respectifs. Les recrutements ont été effectués sur la base ethnique ou partisane si bien que la plupart des milices sont partisanes. Il faut donc craindre la formation d’une armée diffuse, une forme d’unité qui interviendra au moment opportun, c’est-à-dire quand elle sentira que son « gourou » est lésé. La prolifération des sociétés de sécurité aux fins d’accueillir les ex-combattants doit être un signal fort pour les autorités ivoiriennes. Ainsi, pour poursuivre cette entreprise qui vise à réinsérer les ex-combattants dans ces sociétés, il faut avant tout assainir le milieu de la sécurité privé tel que le recommande le législateur ivoirien. S’assurer de la solvabilité et des garanties des sociétés hôtes. Ecarter les sociétés ou acteurs illégaux et partisans des demandeurs. Enfin, il faut pour se faire, y mener une enquête de moralité.     

 

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D
les sociétés de sécurités, ne sont pas toutes agrées. ondonne les armes à des peronnes, qui ont une moralité douteuse. c'est inquiètant..
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D
<br /> il y a de bonnes sociétés de gardiennage et des mauvais. la crise qu traverse le pays tout le monde veut être riche. merci<br /> <br /> <br />