LE NEO-COLONIALISME EN AFRIQUE (1)

Publié le par Denis-Zodo

 

Le continent africain possède tous les atouts pour égaler les autres puissances économiques du monde car il a le potentiel humain et les richesses naturelles.
En effet, au niveau démographique, la population africaine qui double tous les 25 ans est passée de 401 millions d’habitants en 1975 à plus d’un milliard d’habitants aujourd’hui. Cette croissance démographique assure à l’Afrique une population jeune et une densité favorable, notamment dans les zones rurales, pour ce qui est de la mise en valeur des ressources disponibles. Les terres agricoles sont considérables, car le continent dispose de 12% des terres cultivables mais avec seulement 8% des hommes. De plus, le continent africain possède les matières premières industrielles notamment, le phosphate, l'or, le manganèse, le  cuivre, le fer, la bauxite, le diamant et les produits agricoles de base: café, coton, cacao. On peut dire sans se tromper qu’il peut s'autosuffire à elle-même en pétrole, en produits agricoles, en mine. On le sait, le Nigeria est le premier producteur africain de pétrole mais aussi de palmier à huile, d’ignames, de mil et de sorgho. Il en est de même de la Côte d’Ivoire qui est le premier producteur mondial de café et de cacao.
Et pourtant quand l’on se réfère aux Objectifs du Millénaire pour le développement, il y a eu en 2007 en Afrique, 41,1 millions de personnes vivant avec un dollar par jour et le nombre de personnes extrêmement pauvres qui était de 296 millions en 1999 est passé à 298 millions en 2004 et à plus de 350 millions aujourd’hui. Le pourcentage des enfants des moins de cinq ans souffrant d’insuffisance pondérale est passé de 237 millions en 1990 à 348 millions en 2007 et devrait atteindre 403 millions en 2015. L’espérance de vie en Afrique est en moyenne de 55 ans et c’est en Afrique que le taux de mortalité enfantine est le plus élevé de tous les continents: 140 décès au cours de la première année pour 1000 habitants, un enfant sur deux meurt avant cinq ans. La maladie du sommeil frappe plus de 50 millions d’Africains, la rougeole tue chaque année en Afrique plus de 500 000 enfants et chaque jour qui passe, 12 000 enfants meurent de l’une ou l’autre des maladies suivantes: rougeole, diphtérie, coqueluche, poliomyélite, tétanos, tuberculose; soit 500 à l’heure. En Côte d’Ivoire, le taux de pauvreté est estimé à 48,98% en 2008. Ces chiffres sombres nous interpellent.
Pourquoi l’Afrique est-elle devenue cette terre meurtrie et sinistrée alors qu’elle possède des richesses naturelles insoupçonnables? La réponse à cette question est la résurgence du colonialisme; nouvelle forme appelée néo-colonialisme. Qu’est ce que le néo-colonialisme ?
Le néo-colonialisme selon les spécialistes, décrit une politique impérialiste propre aux anciennes puissances coloniales vis-à-vis de leurs anciennes colonies. C’est un terme employé pour décrire certaines opérations économiques au niveau international qui auraient des similitudes avec le colonialisme traditionnel entre le XVIe et le XIXe siècle. Le néo-colonialisme est le contrôle d’autres nations par des moyens indirects. En effet, au lieu et place d’un contrôle direct, militaire et politique, les puissances néo-colonialistes utilisent des politiques commerciales, économiques et financières afin de dominer des pays moins puissants. Les anciens États colonisateurs, et d'autres États économiquement forts, continuent de maintenir leur présence dans les économies des anciennes colonies, particulièrement pour ce qui concerne les matières premières. C’est un phénomène qui est très pratiqué en Afrique, dans la plupart des pays.

Au Congo par exemple, après un processus accéléré de décolonisation, la Belgique a continué à contrôler, à travers la Société générale de Belgique, approximativement 70% de l'économie congolaise. La partie du pays qui a connu le plus de contestation fut la province de Katanga où l'Union minière du Haut Katanga, appartenant à cette société, avait le contrôle sur cette province riche en minéraux et ressources. Après qu'une tentative de nationaliser l'industrie minière échoua dans les années 60, celle-ci a été rouverte à l'investissement étranger.
Les critiques du néo-colonialisme dépeignent le choix d’accorder ou de refuser des prêts (en particulier ceux devant financer une dette d’un pays du tiers monde qui ne pourrait pas être remboursée autrement), particulièrement par des Institutions financières internationales telles que le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, comme une forme de contrôle décisif. Ils allèguent que, afin de se qualifier pour ces prêts (aussi bien que pour d'autres formes d'aide économique), des nations plus faibles sont forcées de prendre des mesures (des ajustements structuraux) favorables aux intérêts financiers des FMI/BM, mais nuisibles à leurs propres économies et souvent à leur sécurité, augmentant leur pauvreté plutôt que de l'alléger. On voit que certaines formes de néocolonialisme ont permis à des organisations internationales, telle que la Banque mondiale, de contrôler et d’exploiter des pays (habituellement) moins développés (PMD) en entretenant leur endettement. En effet, les dirigeants du tiers monde accordent des concessions et des monopoles aux sociétés étrangères en échange de la consolidation de leur pouvoir personnel et de pots-de-vin. Dans la plupart des cas, une grande partie de l'argent prêté à ces PMD est retournée aux sociétés étrangères privilégiées. Ainsi donc, ces prêts étrangers sont, en fait, des subventions aux sociétés qui sont liées d’amitié avec les dirigeants de l’état emprunteur.
En outre, l'investissement fait par des sociétés multinationales enrichit quelques personnes dans les pays sous-développés, et occasionne pour les populations qui habitent ces 'néo-colonies, une catastrophe humanitaire (aussi bien environnementale qu’écologique). Ce qui a comme conséquence, un développement insoutenable et un sous-développement perpétuel ; une dépendance qui permet d’exploiter ces pays devenus des réservoirs de main d'œuvre à bon marché et de matières premières, et qui restreint l'accès aux techniques avancées de production qui leur permettraient de développer leur propre économie.
Ces néo-colons prétextent que  les pays riches utilisant  la main-d'œuvre à bon marché et des matières premières des nations sous-développées, favorisent une avancée positive pour le développement du tiers monde.
Le néo-colonialisme a un aspect culturel, c’est le colonialisme culturel, du désir allégué des nations riches de contrôler les valeurs et des perceptions des autres nations par des moyens culturels, tels que les médias, la langue, l’éducation et la religion, soit disant ultimement pour des raisons économiques.

C’est à ce niveau qu’on a vu apparaître le Néo-colonialisme vestimentaire, tel que le dictat du costume.
On le sait, l’économie et le politique ne sont pas les seuls vecteurs par lesquels le néo-colonialisme se manifeste sur le continent africain. Au Kenya par exemple,  le code vestimentaire hérité de l’Empire Britannique, en vigueur au sein de la classe politique oblige les ministres et parlementaires à porter le costume cravate dans les enceintes politiques et proscrit le costume traditionnel africain. Le blanc est ainsi perçu comme  l’étalon de mesure auquel se référaient les autochtones noirs. L’homme noir qui voulait sortir du néant dans lequel le Blanc l’avait plongé, "devait faire sien certains éléments blanchissants. Ces éléments pouvant être l’adoption de la langue du colon, le mariage ou encore, le port du vêtement européen. A preuve, pendant la période coloniale, le port de l’habit occidental par un Noir témoignait d’un souci conscient et volontaire d’appartenance à la classe supérieure. Loin d’accuser toujours l’extérieur, les Africains eux-mêmes sont les champions de leur culture et de leur idéologie néo-coloniale. Ainsi, les juges dans certains pays d’Afrique anglophone sont-ils fiers d’arborer, en séance, les mêmes perruques que leurs homologues britanniques, choses héritées du moyen âge.

 Les motifs idéologiques du colonialisme en Afrique visaient à ancrer la culture coloniale, à consacrer une profonde dépendance du continent dans les cadres sociaux et culturels africains ; donc, ils visaient à dénaturer l’identité culturelle et la marque continentale de la société africaine afin qu’elle devienne une simple excroissance marginale, un appendice, une queue pour la société coloniale.
 

La manifestation du néo-colonialisme est évocatrice d’injustice. En  Côte d’Ivoire par exemple, on produit 40% du cacao mondial, mais on ne fixe pas nos prix. Le  prix du sucre et denrées venant de l’extérieur ou produits par les étrangers blancs sont imposés et vendus très chers. La comptabilité des 80.000 barils par jour du pétrole n’est connue que par les géomanciens qui connaissent le sexe des anges. Malgré le boucan du Président Gbagbo à l’encontre des compagnies françaises, il a tout cédé à ces derniers. C’est la rançon de demeurer là où il est.
Que n’y a-t-il pas sous la terre guinéenne ? Les américains sont à Fria pour la bauxite depuis que nous ne savions pas la différence entre notre droite et notre gauche. Pourtant les châteaux d’eau d’Afrique n’ont ni eau ni électricité.
Le Gabon, avec moins de deux millions d’habitants et des ressources immenses, manque d’infrastructures routières, sanitaires et scolaires adéquates. Ce pays que des experts ont comparé aux Emirats Arabe, s’il avait été bien géré au profit des Gabonais, ne devrait en aucun moment, être sur la liste du FMI ou de la Banque Mondiale.
Le pétrole du Congo (Brazzaville) est gagé depuis belle lurette sur plusieurs années à venir. Toute cette manne qui est extraite du sol congolais n’appartient pas aux fils et aux filles de cette historique nation. Elle sert à payer les armes et les prêts octroyés aux deux protagonistes durant la guerre civile que finançaient les multinationales. Et comme consequence, le Congo est classé 139eme sur l’Indexe de Développement Humain et 161eme pour le PNB par habitant. A cause de l’abondance en R.D.C (République Démocratique du Congo), les convoitises des uns et des autres ont défiguré ce pays pour aussi longtemps qu'on ne peut l’imaginer. Ce qui a été appelé la guerre mondiale africaine s’est déroulée là bas sur fond de donnée mercantile. Le Rwanda, le Zimbabwe, l’Ouganda, l’Angola …etc, ont tous dépêché leurs armées pas pour défendre les Congolais contre quoi que ce soit mais pour se partager le gâteau et encore au profit de qui ? Non, pas pour eux mêmes, oui pour ceux-là encore.

 

Publié dans Economie

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M
bonjour. j'ai visité votre blog a plusieurs reprise et je suis fier de toutes les informations que j'y trouve. seulement j'aurais été content d'avoir les sources de vos articles. j'espere que c'est pas trop demandé car forcement vous prenez ces infos quelque part et il nous sera profitable de savoir et moi particulièrement car je suis étudiant en histoire dans une université au cameroun. donc je pourais utiliser ces sources au cas ou je voudrais bien cité votre article. merci et bonne continuation
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D
<br /> dans mes recherches, je donne une nouvelle forme du colonialisme,dans notre entourage, nous rencontrons ces nouveaux colonialistes, ce sont des recherches<br /> croisées.les classiques comme les professeurs henriètte dagri-diabaté et kipré pièrre.je fais des recherches expérimentales, au niveau professionnel.les deux prémiers sont des profs<br /> universitaires.je suis avant  tout un homme de sciences humaines, par ma formation.le blog est pour moi, un lieu de partager le savoir. merci de votre visite.<br /> <br /> <br />
M
bonjour
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D
<br /> merci de votre visite<br /> <br /> <br />
S
Bonjour,<br /> De retour en France après un séjour de plusieurs mois au Mali : je suis attérrée. <br /> Les descendants des colons, c'est à dire tout le réseau gouvernemental qui prolifère en s'enrichissant (ne me demandez pas d'où vient l'argent...), détenant tous les postes clé et à responsabilité, la plus part incultes (j'ai suivi les débats des élections municipales du 26 avril dernier) laissent crever leur peuple..<br /> - Les écoles où on apprend rien..<br /> - Les maladies même les plus communes non éradiquées<br /> - l'appauvrissement des structures agricoles (pauvre office du Niger)<br /> - des milliers d'hectares vendues à la Libye <br /> - les chinois et autres toubabous qui viennent créer leur entreprise.. et quel mépris de l'Afrique.. quel mépris pour ces gens..<br /> J'ai honte.<br /> J'ai honte que nous laissions tous crever ces Humains.<br /> l'ONU, les politiciens, les médias, les touristes... nous ne faisons rien.<br /> Nous savons tous.. mais nous ne faisons rien.<br /> <br /> Tellement plus important la grippe porcine..<br /> Mais quelle honte !
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D
<br />  chère sylvie ,c'est un témoignage réel, tu ne fais que raconter , ce que tuas vécue.tu ne<br /> dois pas avoir honte. le vécu et les comptes rendus, sont différents.tu est restée plusieurs mois pour bien comprendre le cri d'une femme déboussolée par le mensonge de la communauté des amis, mon<br /> oeil, pour cette communauté au service du grand capital.tu as suivi des débats décousus de tout sens. ah l'école n'existe que de nom.tous ces gouvernants qui sacrifient la pauvre population, c'est<br /> le dernier de leurs soucis tu vois les chi-tong et le vereux kadaffi. tout marche à l'envers.la grippe porcine n' est qu' un prétexe , pour des millions de personnes qui meurent de faim<br /> et du paludisme.je suis hereux de ta contrbution à bientôt de te lire.<br /> <br /> <br />
K
le changement dans ce concept de néo-colonialisme, il faut des hommes nouveaux dans la gestion des affaires et une nouvelle approche.
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D
<br /> il faut de nouvelles têtes à la tete du pays.<br /> <br /> <br />
A
on le sait, l'économie et le politique ne sont pas les seuls vecteurs par lesquels le néo-colonialisme agit sur le continent africain.
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D
<br /> cela va être dfficile à la nouvelle génération de vendre leur pays.<br /> <br /> <br />