Visite dans l’ouest ivoirien : la désillusion de Gbagbo

Publié le par Denis-Zodo

                       

Le chef de l’Etat ivoirien Laurent Gbagbo voulait visiter toutes les régions sous contrôle de l’ex-rébellion. Pour démontrer non seulement que le pays est réunifié, mais aussi et surtout qu’il est le seul maître à bord. Malgré les difficultés liées à cette visite dans la région des Montagnes, la tournée dans la grande partie ouest du pays a eu lieu. Finalement. Du 8 au 20 juin derniers, il a parcouru la région des Montagnes d’abord, la région du Bafing ensuite, et la région du Denguélé enfin. Il a exhorté ses compatriotes au travail, tout en demandant aux populations de la dernière région visitée, de se considérer comme des Ivoiriens à part entière, puisqu’ils ont souvent été traités par des individus, d’étrangers, parce qu’ils sont proches de la Guinée.

La tournée du président ivoirien Laurent Gbagbo s’est bien déroulée dans l’ensemble, sauf que la première étape, celle de la région des montagnes, a été l’une des plus mouvementées et des plus sinistres.

En effet, le peuple Dan de l’ouest était opposé à l’arrivée de Gbagbo à Man, chef-lieu de région. Et pour cause, il était accusé d’être à la base de l’assassinat aux premières heures de la crise ivoirienne le 19 septembre 2002, de leur fils, l’ancien chef de l’Etat ivoirien, le général Robert Guéï, chef de la transition militaire de décembre 1999 à octobre 2000.

Le corps de ce dernier, dont les parents voulaient de l’inhumation dans son village de Kabacouma, a été contraint à un ensevelissement à Abidjan. Pour des raisons qui étaient propres aux hommes du pouvoir. Toujours est-il que le peuple Dan ne voulait pas accueillir Laurent Gbagbo sans le corps de leur illustre fils. Mais finalement, les négociations ont permis des acquis qui ont rendu possible cette visite.

Mais c’est justement, un des négociateurs commis par Gbagbo qui devait malheureusement décéder de façon subite, le mercredi 10 juin à Man, soit au troisième jour de la visite du chef de l’Etat. L’ancien ministre de l’Agriculture, du temps du parti unique, Denis Bra Kanon, a été « sacrifié », comme l’ont titré des journaux ivoiriens.

De plus, le meeting de Zouan-Hounien a été des plus calamiteux. Des interruptions au cours des discours de certains cadres, comme pendant celui du chef de l’Etat. Des populations qui, visiblement, n’étaient pas heureuses de voir leur président.

 

                                                Le revers de la médaille

 

Or, Gbagbo à l’ouest, ne visait qu’un objectif. Celui de déstabiliser l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) et ridiculiser son président, Albert Mabri Toikeusse. Car, une fois à l’ouest, le président Gbagbo avait à cœur de démontrer que le leader de l’UDPCI est une feuille morte dans son bastion. Et tout a été préparé dans ce sens. Les sbires de Gbagbo y étaient pour faire un travail de fond. Les cadres de la région, tous membres du parti présidentiel ou proches, ont été lâchés. Des ministres Alphonse Douati et Gilbert Bleu Lainé, au directeur général des Douanes ivoiriennes, Mangly Alphonse, en passant par le député et président du Conseil général de Danané, Noutoua Youdé et du directeur général de l’Institut national de la Statistique, Meleu Mathieu, ils se sont mis à la tâche, pour réaliser l’ objectif de Gbagbo. Malheureusement, celui-ci n’a pu être atteint. C’est le contraire qui s’est plutôt produit avec des effets collatéraux. Puisqu’à Kabacouma, le village natal du général Guéï, aucune danse n’a accueilli Gbagbo à son arrivée. Ce qui était jusque là, inimaginable. De plus, comme nous l’avons écrit plus haut, aux étapes de Danané et de Zouan-Hounien, Gbagbo ne s’est pas senti dans la peau d’un chef. Les populations lui ont donné du fil à retordre. Des discours presqu’inaudibles, entrecoupés parfois par des bousculades ou des réponses qui fusaient de nulle part. En tout cas, dans sa volonté de nuire au président de l’UDPCI, il s’est foutu le doigt dans l’œil. Laissant la vérité éclater au grand jour. Cette vérité qui n’est autre que celle de la suprématie de l’UDPCI et de son président dans la région des Montagnes, et même bien au-delà.

Pour sûr, l’argent a circulé, pour espérer atteindre l’objectif que Gbagbo s’était assigné. Et les différents reports n’ont pu permettre de disposer du temps nécessaire pour assouvir cette soif de ravir l’ouest-montagneux à l’UDPCI.

Les populations de la région des montagnes sont matures. Le chef de l’Etat, en politicien averti-il faut avoir le courage de le dire-, croyait pouvoir atténuer l’ardeur des militants du parti cher à feu le général Guéï, grâce à des espèces sonnantes et trébuchantes. Mais il s’est rendu à l’évidence, que la tâche n’était pas aussi facile.

Cette visite, on peut le dire, était la bienvenue. Car, elle aura permis de situer tout le monde sur la réalité du terrain. Certains avaient accusé Mabri Toikeusse, d’être à la base de la contestation de la famille Guéï et d’autres militants de l’UDPCI, conduisant ainsi aux reports successifs de cette visite à l’ouest. Selon la version de ces derniers, Mabri aurait peur que Gbagbo lui détourne ses militants. Eh bien, la côte de popularité de l’UDPCI et de Mabri est restée intacte. Mieux, elle s’est raffermie, depuis que le chef de l’Etat a effectué cette visite.

A la vérité, les populations, en sortant nombreux, ont voulu faire vibrer leurs fibres républicaines. Et elles l’ont fait, sans sourciller. Puisque le N°1 de l’UDPCI lui-même y était, en tant que fils de la région.

Pour le reste, tout le monde aura constaté que la récolte n’a pas atteint la promesse des fleurs pour Gbagbo et ses hommes.

De quoi mettre mal à l’aise, cette bande de suiveurs, commis à la tâche depuis belle lurette. Et le chef de l’Etat se rend bien compte là, que ni Douati, ni Bleu Lainé, encore moins Mangly, Meleu, Youdé, et autres Tia Monnè Bertine ne constituent pas des hommes et femmes de poids dans cette région des montagnes. Or, que de confiance reposée en eux. Leur attitude, peu porteuse d’espoir, constitue dès lors, un motif de déception pour le chef de l’Etat qui avait pourtant misé gros sur leur apport dans la mission de faire virer les militants de l’UDPCI vers le parti présidentiel, à l’approche des élections générales.

Il est certain que les missionnaires seront sérieusement grondés pour défaillance et incapacité notoire.

Seulement, ce qui s’est passé au cours de cette visite, et qui constitue un échec flagrant pour le camp Gbagbo et ses accompagnateurs, est aussi un avertissement pour d’éventuelles taupes au sein de l’UDPCI, mais qui ne se sont pas encore signalés au grand jour. Ceux-là feraient mieux de se raviser. Car, nul n’est indispensable. Pourront partir ceux qui le souhaitent, mais l’UDPCI demeurera. Qui n’a pas connu l’UDPCI avec Paul Akoto Yao, Eric Kahé, Danièle Boni Claverie, Noutoua Youdé, Tia Monnè Bertine, Oulé Tia… ? Partis, l’UDPCI vit encore, et mieux. Il en sera ainsi tout le temps.

 

                                        Manque de courage ou mauvaise foi ?

 

Au cours de cette longue visite d’Etat, le président Gbagbo s’est rendu comme il l’avait promis, à Kabacouma, chez feu le général Robert Guéï. Il avait également promis dire aux parents de celui-ci, quelles étaient les relations entre lui et le défunt chef de l’Etat. Ce qui est certain, c’est que Gbagbo s’est entretenu avec les parents. Mais devant tous, il a reconnu le fait que Guéï était un chef d’Etat et que son corps mérite de reposer en paix sur la terre de ses ancêtres. Avant d’annoncer que fin août, des cérémonies dignes d’un chef d’Etat seront organisées à Kabacouma. Mais ce qu’il n’a pas dit aux populations, c’est la raison de l’assassinat de Guéï. En clair, ce qui lui est arrivé au matin du 19 septembre 2002.

 A-t-il été tué dans un combat, parce qu’il se rendait à la maison de la télévision nationale pour s’autoproclamer chef de l’Etat, au début de l’insurrection dans Abidjan, comme l’ont déclaré ce 19 septembre 2002 sur les antennes de Radio France Internationale, les collaborateurs de Gbagbo que sont Affi N’guessan, alors premier ministre, Lida Kouassi Moïse, alors ministre de la Défense, et Alain Toussaint, alors directeur de la Communication à la Présidence de la République ?

Guéï était-il en rebelle au front et qui a été tué ?

Aucune réponse à ces questions.

Autant dire que Gbagbo s’est dérobé. Mais lui qui prétend être courageux et dire en face ce qu’il pense des autres, pourquoi n’a-t-il pas répondu aux préoccupations des parents du général ?

La froideur et le peu d’enthousiasme avec lesquels le chef de l’Etat a été reçu à Kabacouma, témoignent du mépris affiché vis-à-vis du peuple Dan qui n’entend guère se laisser distraire par des visites prétextant le développement.

  

Publié dans Politique ivoirienne

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L
une visite mouvementée, le plus important, le président a éffectué satournée dans lesmontagnes
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D
<br /> une visite de même !!!<br /> <br /> <br />
D
Gbagbo était en pré-campgne. on attend la suite!!!
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D
<br /> MERCI DE VOTRE VISITE<br /> <br /> <br />
P
le décès de bra kanon, aux premières heures de la visite d'état, doit être chaude.
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D
<br /> je suis de votre avis, qu'on nous explique les causes de son décès. meci<br /> <br /> <br />
K
enfin le chef de l'état et son équipe ont eu leur visite tant attendue à l'ouest montagneux.
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D
<br /> le voyage dans la region des 18 montagnes est en fin terminé...<br /> <br /> <br />
M
la rencontre avec la population n'a pas été facile, trop d'improvisation!!!
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D
<br /> MERCI DE VOTRE VSITE<br /> <br /> <br />