Port du voile: pourquoi tant de frénésies en France ?
Le port du voile intégral refait surface en France. Nicolas Sarkozy, le président français a dit son opposition face à cette attitude de ceux qui arborent ce voile. Car, en France, c’est selon des spécialistes de la question, une minorité de musulmans, les salafistes, estimés à environ un peu plus de cinq mille personnes, hommes et femmes confondus, qui portent le voile intégral. Ce mouvement, dit-on, est relativement récent en France, et ses fidèles plutôt jeunes, c’est-à-dire âgés de moins de 35 ans.
« Je veux le dire solennellement, la burqa ne sera pas la bienvenue en France », a déclaré le président Sarkozy devant le Congrès lundi à Versailles. Les mêmes spécialistes soulignent que le mot burqa est inapproprié en France, car il désigne spécifiquement le vêtement porté par les Afghanes. Le voile intégral, apparu en France, est plutôt connu sous le nom de niqab, porté par des musulmans intégristes, salafistes pour la plupart.
Pour le président Sarkozy, les Français ne peuvent pas accepter dans leur pays, des femmes prisonnières derrière un grillage, coupées de toute vie sociale, privées de toute identité. Ce n’est pas l’idée que nous faisons de la dignité de la femme », a insisté le N°1 français. Pour qui, il nécessite la tenue d’un débat, un débat parlementaire s’entend, pour que tous les points de vue s’expriment. Déjà, de nombreux points de vue s’opposent au port du voile pour les mêmes raisons que celles évoquées par Sarkozy. Parmi eux, celui du député du Rhône André Gérin, qui a demandé une commission d’enquête parlementaire sur le port du voile. Mais il n’y a pas que lui. Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, tenant d’un Islam modéré, jugeant les propos du président cohérents avec l’esprit laïc et républicain, partage l’idée du débat parlementaire sur la question.
Pour sa part, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohamed Moussaoui, qui s’était dit choqué par la création d’une commission sur le voile, dit apprécier que Sarkozy ait souhaité que « dans la République, la religion musulmane soit autant respectée que les autres religions ». C’est de bonne guerre. Si ce dernier avoue que le voile intégral est un « phénomène marginal », il reconnaît tout de même qu’il contribue à stigmatiser les musulmans. C’est pourquoi, il souhaite « la pédagogie et l’éducation » plutôt que sur une loi, pour amener ces femmes à renoncer au voile intégral.
Justement, ce qui suscite le débat en France, c’est plus le caractère marginal du port du voile. Or, il semble que les femmes qui le portent, le font volontairement. Où est donc le signe d’asservissement de la femme dont il est question ? Puisque selon des sociologues, certaines femmes choisissent de porter le voile intégral, comme pour exprimer une sur-affirmation de leur identité musulmane dans un monde occidental qu’elles perçoivent comme hostile et dont elles n’acceptent pas les valeurs.
Plus royaliste que le roi
On constate qu’il est difficile de condamner le port du voile intégral, en mettant en avant le droit des femmes. Puisqu’elles le veulent elles-mêmes. Alors qu’il était présenté dans un premier temps comme une oppression pour les musulmanes obligées de les porter, l’on se rend compte que ces musulmanes ne sont guère obligées de porter le voile. Elles le font donc, de bon gré. Ce qui laisse supposer que ceux qui s’opposent à son port, au nom d’un avilissement de la femme musulmane, mènent un faux combat.
Alors question. Les autorités françaises n’auraient-elles pas des intentions inavouées ? Celles de combattre en filigrane, la montée de l’intégrisme qui, souvent mal géré, conduit à un terrorisme qui ne dit pas son nom ? Parce que là où Nicolas Sarkozy parle de burqa, qui n’est en réalité que des vêtements portés par les Afghanes, nous disons bien Afghanes, il y a de quoi s’interroger. Puisque l’Afghanistan, on le sait, est un champ de bataille où l’islamisme et le terrorisme connaissent une expansion.
Si les autorités françaises trouvent d’autres problèmes au port du voile, qu’elles aient le courage de le dire tout haut, car, le prétexte de l’emprisonnement des femmes derrière un grillage ne tient pas du tout la route.
La France, on le sait, est un pays laïc qui respecte les libertés humaines. Pourquoi ne pas laisser les femmes qui veulent porter le voile le faire en toute liberté, dans la mesure où elles estiment que ce n’est pas par contrainte qu’elles le portent. On estime que le port du voile intégral ne gêne aucunement le voisinage. Si c’était le cas, son interdiction n’aurait posé aucun problème. Mieux, elle serait justifiée.
Il y a des musulmanes en France qui ne portent pas le voile. Si d’autres musulmanes le portent fièrement, où est le problème ?
A la vérité, le problème doit être ailleurs. Et Sarkozy, puis tous ceux qui ont à cœur de l’interdire, sont au bord de la plaque. A moins qu’ils avancent d’autres raisons que celles du droit de la femme, qui ne sont point justifiées.