MALI : Conflit des touaregs (1)

Publié le par Denis-Zodo

Les gouvernements du Mali et du Niger sont en conflit quasi permanent avec les populations touareg. Le conflit qui oppose les populations touareg du Mali et du Niger à leurs gouvernements fait rage depuis de nombreuses années. Bien que des accords de paix visant à ramener le calme aient été signés en juillet 2006 à Alger, le calme n’est pas revenu. Que veulent les rebelles ? Pourquoi ATT ne les affronte- t-il pas ?

 

Lucarne sur le Mali

Le Mali, ancienne colonie française, est un pays d'Afrique de l'Ouest ayant des frontières communes avec la Mauritanie et l'Algérie au nord, le Niger à l'est, le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire au sud, la Guinée au sud-ouest et le Sénégal à l'ouest. Le point le plus haut est le Hombori Tondo (1 155 m) situé dans la partie centrale du pays. Avec ses 1 241 238 kilomètres carrés, le Mali est le plus vaste État d'Afrique de l'Ouest après le Niger.

La population du Mali est divisée en plusieurs ethnies. Les peuples nomades et semi-sédentaires se trouvent au nord. Les Maures, les Kountas et les Touaregs se partagent environ 10 % de la population. Les premiers sont traditionnellement spécialisés dans le commerce de la gomme arabique tandis que les seconds et les troisièmes sont éleveurs-nomades; ils se déplacent en permanence à la recherche de pâturages frais pour leur bétail. Plus au sud, on trouve les Bambaras (28%) qui représentent le groupe majoritaire, autour de la capitale Bamako, ainsi que les Malinkés qui leur sont apparentés et les Soninkés, les Peuls, les Sénoufos, les Bwas, les Bozos, les Dogons et les Songhai.

 

Les  origines historiques de la guérilla touareg au Mali

Le premier soulèvement touareg a eu lieu peu après l’indépendance du Mali. C’était en 1963. La révolte sera réprimée dans le sang par les troupes de Modibo Kéita. La seconde insurrection éclate en juin 1990 par le Mouvement populaire de l’Azawad (MPA) dirigé par Iyad Ag Ghali. Le conflit connaît un règlement politique à travers les accords de Tamanrasset des 5 et 6 janvier 1991. En mars 1991, Moussa Traoré est renversé par Amadou Toumani Traoré (dit ATT), lieutenant-colonel et chef des commandos parachutistes. Le 11 avril 1992, un pacte national est signé entre le gouvernement malien et les Mouvements et fronts unifiés de l’Azawad (MFUA). Le 27 mars 1996, une cérémonie symbolique, la « flamme de la paix », est organisée à Tombouctou au cours de laquelle les insurgés des MFUA ont déposé leurs armes. Une paix fragile voit le jour. En décembre 2001, Ibrahim Ag Bahanga, l’un des ex-rebelles touareg, prend en otage une dizaine de militaires dont un officier pour exiger d’ériger son village en commune. L’affaire est réglée grâce à la médiation de l’ambassadeur d’Algérie, Abdelkrim Ghreïb. Le 23 mai 2006, le lieutenant-colonel Hassan Fagaga, à la tête d’une poignée de soldats déserteurs, lance une attaque contre deux cantonnements militaires près de Kidal. Cette attaque annonce la troisième rébellion armée touareg.

Les assaillants se cantonnent dans les maquis rocailleux de Tigharghar, lieu de repli traditionnel des rebelles touareg. Iyad Ag Ghali se joint au maquis et crée, avec Hassan Fagaga, Ibrahim Bahanga et un autre chef politique, Amada Ag Bibi, l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement (ADC) qui sera l’aile politique de la rébellion. C’est en son nom que vont être menées les négociations avec ATT qui vont déboucher sur les accords d’Alger du 4 juillet 2006. Près d’un an après la double attaque de Kidal et de Ménaka, Ibrahim Bahanga déserte une nouvelle fois le camp de la paix et lance une attaque contre un poste militaire à Tinzaouatine. C’était le 11 mai dernier.

Bien entendu, la nouvelle Alliance Touareg du Niger et du Mali (ATNM) née pour la cause est ouverte pour des offres de médiation. Car, pour un règlement de la question touareg au Mali et au Niger, il faut d’abord que ces Etats reconnaissent l’existence de cette nouvelle organisation politique touareg et qu’ils acceptent également que les régions touareg accèdent à une autonomie complète qui prend en compte toutes les particularités. Mais, quelles sont les causes de ces soulèvements touaregs ?

 

Les Causes de ces soulèvements Touaregs

Le Mali a connu trois soulèvements touaregs qui ont pour principal mobile, des revendications sociopolitiques et identitaires. Les Touareg se sont sentis longtemps exclus du pouvoir, et ce, dans une société multi ethnique à dominante bambara.

C’est pourquoi, dans toutes les médiations, ces rebelles n’ont cessé de poser ces conditions  évidentes de rattrapage. Il s’agit notamment de :

       la création d’une commission d’enquête sur la mort d’un officier touareg de l’armée malienne tué dans des circonstances non élucidées en février dernier,

-           l’activation de certaines clauses de l’accord de paix d’Alger, notamment celles relatives à l’envoi, dans le nord du pays, d’unités des forces armées maliennes composées uniquement d’éléments touaregs,

         l’insertion au sein de l’armée d’un millier de combattants rebelles ayant déposé les armes,

        un allègement du dispositif de l’armée dans les régions du nord du Mali  
-       
 la création de projets de développement et de mise en valeur des ressources de la région nord au profit de ses populations.

 

Mais, à l’analyse, les rebelles semblent rechercher autre chose. En effet, Ag Bahanga, le plus radical des chefs de groupes rebelles, défiant régulièrement le gouvernement depuis près de 20 ans, demande depuis 2007 que l'armée se retire de Tinzawaten, à la frontière avec l'Algérie.

Le gouvernement a toujours répondu que ses troupes n'en partiraient pas, arguant qu'il s'agit d'un lieu de transit pour le trafic international de drogue, dans lequel il accuse Ag Bahanga d'être impliqué.

Contrairement au Niger, qui n'entend pas discuter avec ses rebelles touareg de l'Aïr, Bamako souhaite une solution négociée à la crise.

Sous l'égide de l'Algérie, les belligérants ont signé un nouvel accord en juillet 2007, mais semblent, depuis, danser un pas en avant vers la paix, deux pas en arrière, dans ces négociations auxquelles ne participent plus, depuis trois mois, le groupe d'Ag Bahanga

 

Les efforts de  médiation

Les observateurs de la question touareg au Mali qualifient  de difficile, la mission de la délégation de la Ligue, compte tenu de la grande méfiance qui s’est instaurée au fil du temps entre les autorités maliennes et les rebelles touaregs, à cause notamment de la non mise en œuvre des clauses des précédents accords de paix dont le dernier en date est le protocole d’entente de Tripoli en avril de la même année 2007.

 

Cette situation a conduit à une grande insécurité dans les régions du Nord du Mali où, selon le gouverneur de la région de Gao, le colonel Amadou Baba Touré, une grande psychose s’est installée au sein des populations.

 

Dans une déclaration à la PANA dimanche soir, l’officier malien a indiqué que des groupes, qu’il a qualifiés de "bandits", se livrent au harcèlement des populations qu’ils rackettent. Ce qui provoque la réaction de l’armée, affirmant que cela aurait conduit à des événements plus graves, n’eût été le discernement et la retenue observée par les autorités en la matière.

Selon des sources proches de la délégation des tribus du Grand Sahara, un autre écueil de taille est venu compliquer leur mission à savoir le retrait complet de l’Algérie du dossier des touaregs du Mali. Ce qui met un terme aux mécanismes de suivi de l’accord de paix d’Alger présidés par les autorités algériennes.

Le colonel Mouammar Kadhafi avait, en mars dernier à Kampala, en Ouganda, lors de sa 3ème rencontre avec les dirigeants de la Ligue populaire et sociale des tribus du "Grand Sahara", appelé à la création d’un mécanisme d’alerte et de suivi afin d’observer et de suivre toutes les questions et problèmes relatifs aux tribus de cet espace saharien.

Dans ce cadre, le comité de suivi des décisions de la Ligue populaire et sociale des tribus du "Grand Sahara" a décidé l’envoi, sous l’égide du guide Kadhafi, de deux délégations au Mali, au Niger et au Tchad, en vue d’une médiation pour mettre fin aux conflits que connaissent ces pays.

Publié dans Politique africaine

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K
la situation entre les touaregs maliens et le gouvernement malien perdure , quelle solution ?
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D
<br /> merci<br /> <br /> <br />