Côte d’Ivoire : quand la pagaille sévit au Conseil économique et social

Publié le par Denis-Zodo

Elles sont nombreuses, les Institutions qui font de la Côte d’Ivoire un Etat, une République dignes du nom. C’est certainement cette vision des choses qui a poussé le chef de l’Etat à lutter pour que les Institutions de la République soient maintenues, et donc ne disparaissent pas. Mais le hic, c’est que ceux qui ont été choisis pour diriger ces Institutions sont censés être des hommes ou des femmes conscients du rôle à jouer pour la préservation de la dignité et des intérêts de la nation. Car, la Côte d’Ivoire, en dépit de la crise qu’elle traverse, est quand même la Côte d’Ivoire. En termes très clairs, ce pays continue de bénéficier de beaucoup d’attention et d’égards, vis-à-vis de la Communauté internationale. Tous le savent, cette Côte d’Ivoire peut et doit continuer d’être celle qu’on a connue par le passé, si ses dirigeants acceptent de lui donner la place qui est la sienne, c’est-à-dire la place de pays en développement, locomotive de la sous-région ouest-africaine. Mais avec ce qui se passe dans l’Administration et dans certaines Institutions tel que le Conseil économique et social, on peut dire que le pays est bien parti pour chuter et se retrouver à la queue des Etats qui pourtant, n’auraient osé se comparer à la Côte d’Ivoire, surtout du temps de Feu Félix Houphouët-Boigny, quand celui-ci était aux affaires jusqu’à 1993, date de sa disparition. Curieusement, certains, parmi ceux-là mêmes qui sont allés à l’Ecole de la rigueur, celle du Président Houphouët, passent pour être les moins entreprenants, les moins rigoureux dans ce qu’ils font. C’est le cas du président du Conseil économique et social (CES). Laurent Dona Fologo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’illustre bien négativement dans la gestion qu’il fait de cette Institution non moins importante. Tenez ! Le C.E.S n’est pas la seule Institution de Côte d’Ivoire. Cela, tout le monde le sait. On peut compter comme Institutions, la Présidence de la République, la Primature, l’Assemblée nationale, la Grande Médiature, la Cour Constitutionnelle, la Cour suprême…Mais il se passe que ce soit uniquement des membres du Conseil économique et social qui ne reçoivent pas leurs indemnités depuis le mois de septembre 2008. Au nombre de 120, les membres de cette prestigieuse Institution vivent des réalités différentes. Certains parviennent à entrer en possession de leurs indemnités quand d’autres ne sont pas réglés depuis des mois. Tous ceux qui ont le malheur d’avoir leurs comptes soit à la BICICI soit à la SGBCI ne sont pas payés et traversent pour ainsi dire des moments très difficiles depuis des mois. Et il s’avère que les montants des indemnités des membres du CES, domiciliés dans ces deux institutions financières, sont plus importants que ceux domiciliés dans les autres établissements financiers. Et l’on n’arrive pas jusque là, à donner les raisons de cette situation inconcevable. Mais le Conseil économique et social, c’est en plus des 120 membres reconnus, 160 autres travailleurs dans l’administration de l’Institution. Ces derniers, contrairement aux premiers, ne connaissent pas de problème de décaissements. Parce que dit-on, ces hommes et ces femmes « favorisés », seraient des personnes proches du Rassemblement pour la paix, le progrès, et le partage (RPP), le parti cher au président Fologo. L’on constate avec amertume donc, que l’affaire a tourné au tribalisme, puisque selon nos sources, le népotisme a lui aussi fait surface là où on l’attendait le moins. On hésite à le dire, mais il semble que la majorité des travailleurs de l’administration de cette Institution soient des proches du président du Conseil économique et social, ethniquement parlant. Le cas Ouattara Gnonzié est effectivement la preuve de ce qui se raconte. Ce dernier est de la même tribu que le président du CES, par ailleurs président du RPP. C’est pourquoi, il n’a pas hésité à faire de son « jeune frère », un membre du CES, son Conseiller spécial au CES, le vice-président de la Commission N.T.I.C (Nouvelle technologie de l’information et de la Communication, toujours au CES, puis son secrétaire général et son porte-parole au RPP. Ce qu’on appelle en termes très clairs et justes, le cumul de postes que tous, nous avons vivement critiqué ici en Côte d’Ivoire durant des années. Tous deux journalistes, Fologo et Gnonzié, hormis leur appartenance tribale commune, sont des enfants du PDCI, le plus ancien parti politique. Mais comme le conçoit certainement le premier, « il n’est point ingrat de sécher ses habits là où le soleil brille ». Et depuis la déchéance de Henri Konan Bédié du pouvoir en décembre 1999, son homme à tout faire a tourné casaque. Eux qui affirmaient au plus fort du règne du PDCI que l’actuel chef de l’Etat, alors dans l’opposition, ne pouvait jamais diriger ce pays, en sont, toute honte bue, à le diriger aujourd’hui avec lui. Mais comment ? Ils gèrent le Conseil économique et social comme une Entreprise familiale, sans tenir compte de l’avis des honnêtes membres grâce à qui cette Institution fonctionne. Fologo et son cercle d’amis et de parents se demandent-ils comment ces conseillers économiques et sociaux, privés de leurs indemnités, parviennent-ils à payer leurs loyers, à nourrir leurs familles, à scolariser leurs enfants, à payer leur eau et électricité, à s’occuper des frais de carburant ? Nous ne croyons pas qu’ils se les posent, ces questions. Mais qu’on nous dise si la faute incombe à l’Etat de Côte d’Ivoire, ou si elle est le fait de la présidence de cette Institution. Si c’était l’Etat de Côte d’Ivoire qui était fautive dans cette affaire, le CES ne serait pas la seule Institution à être touchée. Les députés, les membres du Conseil constitutionnel, de la Cour suprême, de la Primature… en seraient également touchés. Et pourtant, il semble que ce ne soit pas le cas ailleurs. Donc, on peut déduire que le fautif dans cette situation ne peut être que le premier responsable du CES Dona Fologo. Il est vrai que la Côte d’Ivoire est en crise. Mais de là, à penser d’aussi hauts responsables de l’Etat passent des mois sans percevoir leurs indemnités, n’est pas chose imaginable. C’est une situation qui, disons-le tout net, n’honore pas la Côte d’Ivoire. Et pour cela, Laurent Dona Fologo doit des explications. Et son homonyme, Laurent Gbagbo, ci-devant Président de la République, doit l’y contraindre, en sa qualité de défenseur de son pays à tous les niveaux. Gbagbo lui-même dit à qui veut l’entendre, qu’il a défendu l’Etat et ses Institutions parce qu’on tentait de les détruire. Aujourd’hui, il a à défendre la dignité de son pays face à cette situation qui ne l’honore point. Regardera t-il faire ? Demandera t-il dans l’ombre, des comptes à Fologo ? Toujours est-il que le natif de Péguékaha dans la Sous-préfecture de Sinématiali doit faire la lumière sur cette affaire. Car, lorsqu’en 2006, le président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly avait suspendu les indemnités des députés qui refusaient de siéger, il en a donné les raisons. C’est donc au tour de Laurent Dona Fologo, de dire ce qui se passe à son niveau.

Au regard de cette situation quasiment dramatique, il est clair que Gbagbo a fait une fausse affaire en nommant à ce poste son « désormais ami » Fologo. Mais nous osons croire qu’il l’a  fait plus par souci de récompenser celui qui l’a soutenu peu avant sa prise de pouvoir, que par souci de rendre service au pays.

Pour un donneur de leçon que prétend être Fologo, il est vraiment désastreux de le voir s’illustrer de cette façon. Lui qui parle de Houphouët comme s’il avait pris à son compte les qualités de ce dernier. Or, nous le savons tous, le premier Président de ce pays n’aurait jamais laissé le moindre pan de la dignité de son pays foutre le camp aussi facilement. C’est à croire que Fologo n’est pas le « digne fils » de Houphouët, contrairement à ses dires. S’il tient à le devenir, ce ne sera pas par mérite, mais plutôt par usurpation.  

 

Publié dans Economie

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