Robert Mugabe : le mauvais exemple africain

Publié le par Denis-Zodo

Proprement battu lors du premier tour de la présidentielle zimbabwéenne du 29 mars dernier, le Président sortant Robert Mugabe, au pouvoir depuis vingt huit ans, refuse de partir. Après avoir tenté vainement de retourner les résultats des urnes en sa faveur, le vieux chef d’Etat se résout finalement à se cramponner au pouvoir. En effet, pour un scrutin tenu le 29 mars 2008, c’est seulement le vendredi 02 mai, soit un mois après, que les résultats définitifs de ce premier tour ont été publiés. Officiellement. Bien qu’à l’avantage de l’opposition, le leader du M.D.C, Morgan Tsvangiraï et son camp dénonceront les 47,9% de suffrages que la Commission électorale leur attribuait, contre 43,2% pour la Zanu PF au pouvoir. Le leader de l’opposition lui, affirmait à qui voulait l’entendre, qu’il restait vainqueur de ce scrutin, avec plus de 50% des voix. Mais, à force de négociations, la Communauté internationale parvient à convaincre Robert Mugabe, et surtout Morgan Tsvangiraï de participer à un second tour, prévu pour le27 juin 2008. Le Président sortant n’attendra pas longtemps pour commencer à s’affirmer ; et de quelle façon ? Celui que tout le monde s’accorde à qualifier de dictateur, va entreprendre la persécution  des opposants. Pour espérer créer la psychose dans les rangs de l’opposition. Des partisans de Tsvangiraï vont être violemment battus et emprisonnés. Les moins chanceux trouveront la mort. Mais le chef de l’Etat zimbabwéen n’en restera pas là. Il met la pression sur l’opposition en interdisant les rassemblements dans le pays. Le chef de file de cette opposition, rentré d’Afrique du sud, sera interpellé puis relâché. Le n°2 de l’opposition, lui est encore détenu et risque la peine de mort. Pis encore, le « vieux dictateur » annonce qu’il est investi d’un pouvoir divin et qu’il ne le quittera pas ; jusqu’à sa mort, même s’il n’a pas le courage de faire cette précision. Devenu subitement très spirituel, il confie à Dieu son sort.  « Seul lui, dit-il, pourra lui arracher ce pouvoir ». Là où Mugabe s’en remet au Tout Puissant, ce n’est ni la Grande-Bretagne, ni les Etats-Unis qui lui feront peur. En tout cas, le n°1 zimbabwéen se moque des menaces de l’occident. Seul contre tous, Mugabe sait qu’il peut bénéficier du soutien de son puissant voisin sud-africain, dont la médiation a toujours une allure de parti pris. Très critiqué en Côte d’Ivoire et au Congo, deux pays où il est intervenu en qualité de médiateur, Thabo Mbeki va la pédale douce. Autrement dit, c’est sans pression qu’il mène sa médiation au Zimbabwe, devant un Président qui refuse d’entendre la voix de la diplomatie.

L’intention du père de l’indépendance zimbabwéenne est claire :garder le pouvoir par devers lui et par tous les moyens. Même les plus illicites et les plus illégales.

Morgan Tsvangiraï lui, ne veut pas s’associer à la mascarade en préparation dans un pays où le parti au pouvoir et ses hommes se sont déjà fixés pour mission de chasser de leur pays, les journalistes et observateurs étrangers, en vue d’opérer loin des regards de l’opinion internationale.

 Dimanche, au cours d’une rencontre avec la presse, le leader de l’opposition a annoncé que son parti n’irait pas au second tour. Pour la simple raison que le jeu électoral n’est pas clair, au regard des attitudes du vieux dictateur. Ainsi, Robert Mugabe est assuré de garder le fauteuil présidentiel et de renforcer la dictature en présence, depuis des années, dans un pays qui s’appauvrit de jour en jour.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le cas Mugabe constitue un cas à proscrire en Afrique. Car, dans un continent où la démocratie est quasiment inexistante, il est à craindre que certains chefs d’Etat s’inscrivent dans cette logique pour le moins condamnable. Ce qui est sûr, c’est que Mugabe s’est fixé comme objectif de demeurer au pouvoir, le reste de sa vie. Au grand dam d’une Communauté internationale qui n’arrive pas à en imposer au Président zimbabwéen. Mais, c’est celui-là même qui passe en dérision cette Communauté internationale.

Espérons que le cas Mugabe ne fasse pas école en Afrique où des dirigeants politiques ne nourrissent que le secret espoir de confisquer le pouvoir. C’est à cette Communauté internationale donc de taper du poing sur la table. Car, si les Etats-Unis d’Amérique ont débarrassé le Liberia de Charles Taylor qu’ils estimaient nuisibles, la Grande-Bretagne a aussi les moyens de contraindre Mugabe à lâcher du lest et à libérer un pays  et un peuple embastillé depuis vingt huit ans.    

Publié dans Politique africaine

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