Massacres en Guinée : Conakry à sang…

Publié le par Denis-Zodo

Un rassemblement d'opposants dans un stade de Conakry a été dispersé dans le sang par les forces de l'ordre. Plusieurs dizaines de personnes, qui dénonçaient l'éventuelle candidature du chef de la junte à l'élection présidentielle de janvier, ont été tuées.

Un véritable «carnage», selon un médecin qui a accueilli les dépouilles de plusieurs victimes. Au moins 87 manifestants hostiles à la junte au pouvoir en Guinée ont été tués par balles lundi, lors d'une sanglante répression exercée par les forces de l'ordre. C'est la première fois depuis son arrivée au pouvoir il y a neuf mois lors d'un coup d'État, que la junte militaire réprime dans le sang une manifestation d'opposants. Le rassemblement, interdit, a été maintenu par l'opposition.

Des dizaines de milliers de manifestants se sont donc rassemblés lundi dans le plus grand stade de Conakry pour s'opposer à l'éventuelle candidature du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, à l'élection présidentielle de janvier. Un peu plus tôt, les forces de l'ordre avaient déjà violemment dispersé les opposants à l'aide de matraques et de grenades lacrymogènes près du stade de la capitale, et arrêté des dizaines de personnes. Le stade de 25.000 places s'est ensuite empli d'une foule de manifestants, débordant jusque sur les pelouses et aux abords. Des tirs ont alors été entendus.

Ces violences interviennent au moment où la communauté internationale fait pression sur le chef des putschistes pour qu'il respecte ses engagements de ne pas se présenter à l'élection et de laisser le pouvoir aux civils.

                     

                               «Volonté de dissimuler les corps des victimes»

 

Dans un entretien diffusé lundi soir par Radio France Internationale (RFI), le chef de la junte a déclaré attendre «qu'on [lui] donne les chiffres [des morts]». «C'est malheureux, c'est dramatique. Effectivement, il y a eu des morts, mais je n'ai pas encore les chiffres. Je suis là et j'attends qu'on me fasse le point de la situation. Très franchement parlant, je suis très désolé, très désolé», a-t-il ajouté.

Après l'intervention des forces de sécurité, venues évacuer le stade, «il y a 87 corps qui ont été ramassés dans et autour du stade après le passage des militaires», a indiqué un responsable de la police sous couvert de l'anonymat. «En ce moment, il y a 47 corps au camp (militaire) Samory Touré (à Conakry), dont quatre femmes, qui seront enterrés dans la nuit», a précisé cette source.

D'après un membre de la Croix-Rouge, les dirigeants de l'armée ont demandé que les cadavres collectés soient apportés au siège de la junte et non dans les morgues. Pour cet humanitaire, il y a «une volonté de dissimuler les corps des victimes» de la répression. Dans un autre établissement sanitaire de Conakry, une source médicale avait auparavant assuré qu'un camion militaire était venu pour ramasser des «dizaines de corps», emmenés vers «une destination inconnue».

La France, par l'intermédiaire du secrétaire d'Etat à la Coopération et à la Francophonie Alain Joyandet, a condamné «avec la plus grande fermeté» la «répression violente» exercée par l'armée guinéenne, et appelé les militaires à réaffirmer leur volonté de «rendre le pouvoir aux civils». Paris «consulte ses partenaires au sein de l'Union européenne et du Groupe international de contact sur la Guinée afin d'étudier les conséquences à tirer rapidement de ces événements».

                                                 

                                                  

 

                                              Signes avant-coureurs

 

Jeudi, la vive tension qui a cours depuis lundi dans le pays, était perceptible à Labé, la deuxième ville du pays. L’opposition y avait organisé une grande manifestation pour toujours appeler le pouvoir militaire à ne pas se présenter à l’élection présidentielle du 31 janvier 2010. Ce mouvement avait largement été suivi, et samedi, la junte et son responsable avaient voulu relevé le défi en se rendant dans cette ville. Malheureusement, c’est à une ville morte qui les ont accueillis. Dès lors, Dadis Camara s’est rendu compte qu’il avait en face de lui une opposition qui ne voulait pas démordre. Fallait-il casser de l’opposant pour se sentir en sécurité ? Seul à faire ce que l’on veut, sans contestation ? En tout cas, la réaction militaire a été jugée disproportionnée. Des hommes et des femmes sans défense massacrés. Des femmes violées. Des canons enfoncés chez des femmes, là où on ne peut ne doit l’imaginer. « On pouvait attendre cela de tous les régimes, sauf celui qui a voulu nous sortir de l’ornière après 50 ans de dictature », déclarait déçu, un Guinéen vivant en Côte d’Ivoire. « Que voulez-vous, il a soif de pouvoir comme les autres », a renchéri un autre.

A cette allure, le capitaine d’armée au pouvoir risque bien de faire long feu à la tête du pays. Ni la communauté internationale ne lui fera confiance, ni même la population guinéenne n’acceptera de lui confier son destin. « Il n’est pas encore élu et il nous tue déjà par dizaines. Et quand nous lui aurons permis de s’asseoir et de jouir d’une légitimité, il nous assassinera tous », ironisent des Guinéens de Côte d’Ivoire.

Les pouvoirs militaires, hélas ! Presque tous pareils. Voici un autre dictateur qui veut sortir la tête. Espérons que la Communauté internationale épargne ce capitaine sans « coffre » à notre monde.

                   

 

 Source : le figaro.fr

 

 

 

 

 

Publié dans Politique africaine

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J
<br /> Tout bon militaire, est un militaire m...<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Tu n'aspas tort. Un militaire est un militaire. ce qu'il dit à son arrivée, n'est pas ce qu'il dit quand il passe deux mois au pouvoir. Seul Amadou Toumani Touré,<br /> l'actuel président élu du Mali l'a fait entre 1991 et 1992. Ely ould Mohamed Vall l'a fait également en Mauritanie entre 2005 et 2007. Mais ils sont rares ceux qui tiennent parole comme eux. Ils<br /> finiront par être des poisons qu'on ne voudra même plus cotoyer. merci Jacques et à bientôt.<br /> <br /> <br />