L’accord de Ouagadougou : à quand OuagaV ?

Publié le par Denis-Zodo

L’accord de Ouagadougou signé le 4 mars 2007 dans la capitale burkinabé avait laissé penser que tout était clair et que les deux parties signataires, toutes deux ex-belligérantes, avaient joué cartes sur table pour permettre à l’accord d’être appliqué sans faux-fuyant. Mais à la longue, il a été donné de constater que beaucoup de problèmes étaient restés en suspens. Puisque après l’accord de Ouagadougou du 4 mars 2007, d’autres accords dits complémentaires se sont mis à pleuvoir comme si les difficultés naissaient au fur et à mesure qu’on avançait. Ainsi, le premier accord complémentaire devrait intervenir 23 jours après la signature de l’accord de Ouagadougou, soit le 27 mars. C’était donc Ouaga I. Mais la même année, intervient la signature coup sur coup, de Ouaga II et Ouaga III, et précisément le 28 novembre. Avec ces trois accords complémentaires, on croyait que toutes les revendications ou tous les problèmes seraient évacués. Que non ! Les blocages ont continué à se dresser sur le chemin de la paix. Si bien que l’on s’est obligé à signer un autre accord complémentaire dit Ouaga IV et qui, on espère, nous conduira à la présidentielle. Ce dernier avait à régler la question de l’intégration de 5 000 ex-combattants des Forces nouvelles dans la nouvelle armée ivoirienne. Il s’agissait également pour ledit accord, de se pencher sur la cruciale question du désarmement. Il y avait aussi et surtout la question des grades à régler, lesquels grades ont été acquis par les éléments FN, par la volonté du Secrétaire général des Forces nouvelles. Concernant la restauration de l’autorité de l’Etat, le 15 janvier a été retenue comme la date de la fin des passations de charges entre les commandants de zones FN et les Préfets de région et de département. Mais si cette date arrive sans qu’il ne se passe quelque chose de ce genre, il est certain qu’il y aura à redire. Et si la démobilisation des ex-combattants Fn et des miliciens arrive une fois de plus à coincer, que se passera t-il ? A la vérité, on ne comprend rien à ce jeu qui pourtant dure et perdure. Et l’arrêt de la nouvelle date de la présidentielle dont la tâche avait été confiée par la dernière réunion du Comité d’évaluation et d’accompagnement (CEA), à la Commission électorale indépendante (CEI) pour au plus tard fin décembre 2008 ? Rien de lisible encore. Avec toutes ces difficultés que l’Etat connaît à débourser des fonds pour l’identification et l’enrôlement et qui sont à la base du ralentissement de ces opérations sur le terrain, à quoi faut-il s’attendre par la suite ? A un Ouaga V ? Ce n’est vraiment pas à exclure. Avec l’expérience vécue précédemment, on peut gager, même si ce n’est pas notre souhait, qu’un cinquième accord complémentaire n’est pas loin de nous. Puisque depuis que la Côte d’Ivoire connaît cette crise, les tentatives pour la solutionner ont toujours eu du mal à aboutir. Il est peut-être vrai que certains y ont leurs intérêts, et qui ne veulent pas voir les choses avancer. Mais souhaitons avec le quotidien pro gouvernemental « Fraternité Matin », que ce dernier accord est vraiment le dernier avant la présidentielle. Pourvu que le président du parti au pouvoir, le Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’guessan, ne vienne pas nous créer un autre sujet de polémique lorsque nous serons si près du but. Car, selon des indiscrétions, il semble qu’il serait spécialisé dans la création d’idées nouvelles pour désorienter les faiseurs de paix de leurs initiatives. Maître dans l’art de distraire, celui que certains appellent le « laborantin » s’enfermerait pour trouver les moyens de retarder le processus de paix. On l’a vu récemment lorsqu’il s’est accroché corps et âme au désarmement des ex-rebelles, alors qu’il feignait de ne pas voir les miliciens de son bord en armes. Et Dieu seul sait combien des gens comme lui ont des tours dans leurs sacs. Avec de tels messieurs, on est sûr de ne pas vite sortir de l’ornière, et d’avoir plusieurs accords complémentaires sur le dos et plusieurs qui nous attendent encore. Pourvu que la sagesse et la volonté de réussir cette sortie de crise animent les esprits les plus tordus.

 

 

Publié dans Politique ivoirienne

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