Présidentielles de novembre 2008 : l’argent seul ne suffit pas !

Publié le par Denis-Zodo

La visite du chef de l’Etat au centre ouest du pays, notamment à Séguéla et Vavoua le lundi 14 juillet dernier, a servi de prétexte aux deux membres de l’Exécutif ivoirien pour rassurer leurs compatriotes sur la tenue de la présidentielle du 30 novembre 2008, fixée par les Ivoiriens eux-mêmes. A dire vrai, de nombreux Ivoiriens ne croyaient pas à la tenue de cette élection à la date indiquée. Le premier obstacle qui aurait pu empêcher la tenue de cette présidentielle est politique. Mais là, tous, l’opposition comme le parti au pouvoir, ont réussi à se mettre d’accord sur tout. Même sur les structures censées l’organiser. Ce qui constituait un motif de frayeur, c’était le problème financier. C’est à juste titre que le porte parole du Gouvernement ivoirien s’inquiétait des retards dans le financement du programme de sortie de crise il y a  une vingtaine de jours. «  La présidentielle prévue pour le 30 novembre2008 pourrait être reportée à 2009 », menaçait-il au cours d’un point de presse à la Primature. Mais depuis lundi, ce pessimisme a été évacué par les propos empreints d’espoir lancés par le Premier ministre Guillaume Soro à Séguéla. « Tout est réglé. L’argent est là, il n’y a pas de problème, l’élection présidentielle aura bel et bien lieu à la date indiquée.(…) . » , a déclaré le chef du gouvernement. Ce qui aurait pu constituer un obstacle, notamment le financement, a donc été levé, si l’on s’en tient aux déclarations de Soro Guillaume.  Le fétichisme des dates dans lequel le chef du gouvernement refusait de s’inscrire ne se justifie plus dans la mesure où désormais, les Ivoiriens savent à quoi s’en tenir. Les élections étant à portée de mains. Du moins, à entendre le Président Gbagbo et son Premier ministre Guillaume Soro.

 

Des obstacles non déclarés

 

Il est vrai que les obstacles financiers et politiques ont été levés. Laissant une liberté de penser que la route vers les élections reste grande ouverte. Mais, ce à quoi refuse de songer le premier responsable de l’organisation des élections, ce sont les problèmes logistiques et organisationnels. Je m’explique. Ici en Côte d’Ivoire, les salles de classe des écoles primaires et souvent secondaires, ont de tout temps servi essentiellement de lieux de vote. En l’état actuel des choses, elles sont nombreuses, les localités dont les écoles ont été détruites du fait de la guerre en Côte d’Ivoire. Que ce soit au nord du pays ou à l’ouest, où la guerre a été plus rageuse. A ma connaissance et à moins que je ne me trompe, le tiers même de ces établissements n’a pas été réhabilité. Où compte t-on alors organiser ces élections. Sous les arbres à palabres ou sous les préaux des villages, ou encore sur les places publiques. Le matériel électoral, où va-t-on les déposer ? Hormis ces difficultés, il est nécessaire de relever la question de l’identification des électeurs ivoiriens. L’on est qu’à cinq mois de l’élection. Et c’est maintenant que les agents recenseurs sont en train d’être recrutés. Viendront ensuite le recensement des électeurs puis la publication des listes électorales pour vérification et surtout leur publication définitive. Le Premier ministre peut-il dire aux Ivoiriens, si à la date du 30 novembre 2008 peut-elle être tenue sans désagrément ni frustration pour les électeurs ivoiriens ? De plus, la question du démantèlement des milices reste en suspens. Jusqu’à l’heure où nous écrivons, les milices n’ont pas subi le moindre regroupement. Pis, cette question est comme devenue un tabou. Et pourtant, pour une campagne saine et pour des élections sécurisées, il urge que les milices du sud et de l’ouest soient démantelées, à l’image des combattants regroupés. Et ce, conformément aux décisions des différents accords signés, dont l’accord politique de Ouagadougou.

 

Des questions qui méritent réponses

Toujours à propos du financement, il n’est point superflu de revenir sur ces préoccupations que le peuple attend certainement. Hier, c’était Méïté Sindou, le porte parole de Guillaume Soro qui pleurait à peine, parce que l’argent promis ne rentrait pas. Précédé en cela par son patron lui-même. Mais si après juste quelques jours, le chef du gouvernement informe que les moyens sont disponibles pour la tenue de cette élection à la date indiquée, j’avoue qu’il y a de quoi s’interroger sur les origines de ces fonds. Proviennent-ils des Ivoiriens eux-mêmes ? Si oui, pourquoi avoir alors crié sur tous les toits, au danger ? Ou bien viennent-ils du Golfe, du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale, du Club de Paris, de l’Union européenne, des Nations unies, ou alors de la Banque africaine de développement ? Le peuple a quand même besoin de savoir. Juste pour s’informer. Juste pour savoir qui l’a aidé à sortir du trou. Ou encore, les fonds dont fait allusion le Premier ministre proviendront-ils des avoirs à engloutir suite à la hausse des prix des produits pétroliers ? Là demeure la question. Donner réponse à ces interrogations, ne fera aucun mal au gouvernement. Bien au contraire, cela contribuera à mettre tout le monde sur le même palier  d’information.       

Publié dans Politique ivoirienne

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