Collectivités locales et conseils généraux / Comment ils pourraient participer au retour de la paix en Côte d’Ivoire

Publié le par Denis-Zodo

Fort des exigences démocratiques et de la bonne gouvernance, la décentralisation connaît aujourd’hui une ascension fulgurante, malgré la crise qui perdure depuis six ans. Ce procédé technique qui consiste à conférer des pouvoirs de décision à des organes locaux, autonomes distincts de ceux de l’Etat a permis l’installation des communes et des départements avec pour équipes pilotes, les Conseillers municipaux et les Conseillers généraux.

Les communes et les départements dotés alors de la personnalité juridique et gérant des affaires propres, ont été de façon générale fortement fragilisés par la crise dans les zones sous contrôle des Forces Nouvelles. Contrairement, aux conseils généraux qui n’avaient pas achevé leur processus d’installation, les communes sont bien maîtrisées par les Conseillers municipaux. Ce qui fait que la plupart des Conseillers qui, depuis le début de la crise ont cessé de percevoir leurs primes travaillent toujours pour le bonheur de leurs populations.

Dans les zones sous contrôle gouvernemental, il est indiscutable que toutes ces structures, d’ailleurs financées en partie par l’Etat ne travaillent pas. Leur mission essentielle étant le développement local dans l’esprit participatif, la cohésion nationale et locale doit être impérieuse. Partant, de ces observations et les différentes crises au niveau local ainsi que des exigences d’une recherche de solution durable, quel rôle faut-il assigner à celles-ci pour accompagner efficacement le processus de paix en même temps que le développement ?

Quelles structures ou formes doivent prendre les différentes représentations d’élus locaux dont la mission est la réconciliation nationale et la paix ?

La première interrogation trouve sa pertinence dans le fait que l’administration est inexistante dans certaines zones, en raison du climat d’insécurité. Et notre intention d’aller aux élections, réunifier le pays, installer un climat de confiance entre les Ivoiriens en vue de bâtir la nation ivoire est manifeste. Dans cette logique, il faut passer de la position de spectateur à celle d’acteur positif selon les termes de l’ex-Premier ministre, Charles Konan Banny. Pour rechercher la cohésion sociale, il faut harmoniser les positions sur l’ensemble des questions. La recherche de compromis dynamique ainsi que la confiance, l’engagement et la sérénité doivent inspirer tous les Ivoiriens pour qu’ils se dotent d’un cœur nouveau et d’un esprit nouveau. C’est pourquoi, il faut que chacun, à tous les niveaux participe à la construction de ces vertus suscitées selon la qualité de ses relations avec les populations.

Au terme de la loi électorale, les Conseillers généraux et Conseillers municipaux sont élus au suffrage universel direct et au scrutin de liste proportionnelle et majoritaire à un tour sur liste, complète sans vote préférentiel ni panachage. Les Conseillers généraux et municipaux sont issus de toutes les sensibilités politiques locales en raison de la proportionnelle, et ils sont des représentants directs des populations parmi lesquelles ils vivent. Selon leur mission, les Conseillers généraux délibèrent sur des questions d’intérêt départemental et votent le budget tandis que les Conseillers municipaux délibèrent sur des questions d’intérêt communal et votent le budget communal. Cependant, tous ces Conseillers ont des attributions consultatives. Devant le silence de l’autorité administrative, d’ailleurs inexistante dans certaines zones, il est impérieux que les élus locaux jouent leur partition pour assurer des élections libres, ouvertes et transparentes afin de restaurer la paix. Pour effectuer le redéploiement ou pour favoriser le retour de l’Administration, il faut préparer les populations et les amener à y adhérer en mettant en œuvre une démarche de sortie de crise à laquelle toutes les populations participent avec leurs élus locaux.

Or, les conseils existent dans toutes les localités du pays et ont l’avantage d’avoir de bon rapport avec leurs administrés. Ils ont une parfaite maîtrise du terrain ; c’est-à-dire les spécificités et les divergences de leurs populations. Ces élus peuvent donc jouer des rôles de réconciliation et de paix dans leur localité respective. Ils peuvent aider le Premier ministre à exécuter son programme.

Mais, pour des missions plus difficiles, quelles formes doivent prendre ces organisations d’élus locaux ?

Il faut constituer des équipes mixtes d’élus locaux pour sillonner toutes les régions selon leur zone. Par exemple, une équipe peut être composée de Conseillers municipaux, de Conseillers généraux et même de Députés issus de la région. Mais cette équipe doit comprendre toutes les sensibilités politiques. On peut ajouter à cette équipe un représentant de la société civile non partisane telles que les ONG. Cette équipe peut enquêter sur certains problèmes, régler certains conflits, initier certains projets sociaux et de développement. Des équipes composées seulement de Conseillers municipaux peuvent exercer des missions mineures d’intérêt communal tandis qu’à l’échelle régionale il faut l’équipe mixte.

Ces Conseillers faciliteront l’établissement des documents au niveau local. C’est-à-dire l’enrôlement, l’identification et toutes autres opérations nécessaires à l’avancement du processus de paix. Leur mission prend fin avant le jour du vote. Comme on le voit, l’esprit participatif au règlement du conflit ivoirien à toutes les échelles est à saluer. Chacun doit supporter le prix du règlement de ces conflits. Un climat de dialogue interne et de communication doit prévaloir. C’est pourquoi, le Premier ministre, dans le cadre de l’exécution de sa mission doit confier des missions de paix et de réconciliation nationale aux élus locaux afin d’être des facilitateurs locaux. Ceux-ci permettront la réalisation des programmes de développement et d’unification du pays sans discrimination ni parti pris. Il faut encourager cette initiative et la soutenir par des moyens conséquents.

Tout cela vaudra le prix de la paix que nous recherchons.

Publié dans Politique africaine

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