Paul Kagamé : 'L'Afrique de l'Est a besoin de partenaires, mais pas de maîtres'
Trois mois après la visite de Nicolas Sarkozy à Kigali qui avait scellé la réconciliation franco-rwandaise, Paul Kagamé rend la politesse au président français par sa présence à Nice. C'est la première fois que le président rwandais, dont le régime autoritaire met en cause la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis de 1994, assiste à un sommet Afrique-France.
Kigali avait rompu avec Paris en novembre 2006 pour répliquer aux accusations du juge Bruguière visant le président Kagamé dans l'attentat contre l'avion de son prédécesseur, Juvénal Habyarimana qui, le 6 avril 1994, a marqué le début du génocide.
Jadis très hostile à la France, le président Kagamé est à Nice et tient à le faire savoir. Lundi 31 mai, avant même l'ouverture du sommet, il a répondu aux questions du Monde, du Figaro et de Libération.
Alors qu'il a choisi, à l'automne dernier, de faire adhérer son pays au Commonwealth, il semble vouloir aujourd'hui se rapprocher de la France pour compenser le désamour dont il fait l'objet dans le monde anglo-saxon. Les Etats-Unis qui, ces dernières années, ne tarissaient pas d'éloge sur les réussites économiques du Rwanda et sur sa stabilité, ont changé de ton à l'approche de l'élection présidentielle prévue le 9 août. Plusieurs candidats ne parviennent pas à se faire enregistrer. La secrétaire d'Etat adjointe chargée de l'Afrique , Johnnie Carson, a récemment stigmatisé, à l'approche du scrutin 'une série d'actions inquiétantes prises par le gouvernement du Rwanda, qui constituent des tentatives de restreindre la liberté d'expression'.
Comment répondez-vous à ces critiques des Etats-Unis ?
Ces propos ont été grossis démesurément et font sans doute allusion à la question de l'enregistrement des candidatures. C'est un processus qui obéit à des lois rwandaises. A l'étranger, on peut avoir une interprétation différente que nous ne partageons pas. Les élections vont avoir lieu de façon libre, transparente et pacifique, même si certains veulent déstabiliser le processus par des activités terroristes. Dans le passé, nous avons géré des situations plus difficiles
Source : lemonde.fr