Maputo II : la fin de la crise à Madagascar ?
Après les premiers accords sur la crise malgache, signés le 9 août dernier à Maputo au Mozambique, le second round des négociations s’est ouvert mardi dans la même capitale.
Les anciens présidents Albert Zafy, Didier Ratsiraka, Marc Ravalomanana, avec à leurs côtés l’actuel chef de l’Etat Ange Rajoelina, communément appelé Rajoel, avaient décidé d’organiser des élections d’ici à 15 mois. Mais pour y parvenir, les quatre hommes politiques malgaches devraient conduire ensemble une sorte de transition. Ainsi, un partage du pouvoir devait suivre la signature des premiers accords. Entre temps, avant de quitter la salle de réunion le 9 août dernier, le président déchu en mars dernier, Marc Ravalomanana avait dit son refus de s’associer personnellement à ce partage de pouvoir. Toutefois, ses proches collaborateurs pouvaient y prendre part. Lui, préfère rester en Afrique du Sud, avant que le pays ne connaisse une stabilité sécuritaire, selon lui.
Avec Maputo II qui a débuté mardi, les parties arriveront-elles à s’entendre ? Difficile de le dire. Ce qui est certain, c’est que Ange Rajoelina n’acceptera pas de céder son fauteuil à quiconque, même si on sait d’avance que Ravalomanana n’est pas partant pour ce poste. De deux, l’ancien premier ministre, celui de Marc Ravalomanana est à Maputo et souhaite reprendre la place que lui avait confiée l’ancien président. Et les ministères de la Défense, de l’Intérieur et de l’Economie, à quel camp reviendront-ils ?
De gros nuages planent en perspective sur ces négociations. Car, si elles ont démarré mardi, il faut être un devin pour savoir quel jour elles prendront fin. Dans ce genre de négociations, toutes les parties veulent se tailler la part du lion. Ce qui, assurément, fait durer les choses. En janvier 2003, les négociations sur la crise ivoirienne qui venait d’être déclenchée, avaient duré 9 jours, soit du 15 au 24 janvier à Marcoussis en France. La distribution des postes ministériels, une séance réduite, réservée aux leaders politiques de poigne, à savoir le président Laurent Gbagbo, le chef de la rébellion Guillaume Soro, l’ancien président Henri Konan Bédié et l’ancien premier ministre, s’est déroulée le 25 janvier à Paris. Mais là, les choses se sont tellement vite passées que l’on a cru que l’accord signé avait été avalé par toutes les parties. Mais que non ! Les reniements ont débuté le lendemain. Le camp du chef de l’Etat qui avait le dos au mur à Paris, ne reconnaissait plus les concessions faites, une fois de retour à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Une seconde rencontre a eu lieu à Accra au Ghana en mars 2003. C’est à cette rencontre qui est intervenue trois mois après l’accord signé en France, que les postes ministériels ont été redistribués, pour la formation d’un gouvernement de réconciliation nationale. A ce jour, la Côte d’Ivoire se retrouve avec son troisième (3ème) premier ministre (Seydou Diarra, Charles Konan Banny et le chef de l’ex-rébellion Guillaume Soro) depuis la signature du premier accord. Mais depuis, ces gouvernements qui devaient conduire le pays à des élections claires et transparentes, ne sont pas encore parvenues à le faire.
C’est dire que la tâche risque d’être ardue pour les médiateurs de la crise malgache. Joachim Chissano, Edem Kodjo et les autres auront du pain sur la planche devant la jeunesse mais la détermination de Rajoel, l’expérience d’Albert Zafy et de Didier Ratsiraka, mais aussi et surtout les rancœurs du camp Ravalomanana. Seul, l’avenir nous situera.