Crise mauritanienne : Abdoulaye Wade comme un sauveur

Publié le par Denis-Zodo

                         

Comme Blaise Compaoré du Burkina Faso pour la Côte d’Ivoire, le président sénégalais Abdoulaye Wade est intervenu en sauveur chez le voisin mauritanien.

Alors que l’auteur du coup d’Etat militaire du 6 août 2008, le général Mohamed Ould Abdel Aziz entendait organiser les élections le 6 juin 2009, la violence et la contestation avaient gagné le pays. L’opposition et une majorité de députés s’étaient en effet élevés contre la décision du chef de l’Etat putschiste, d’organiser les élections à cette date, mais aussi contre sa décision (celle du général), de se présenter comme candidat à ce scrutin. Les manifestations publiques de l’opposition et les mouvements de soutien s’alternaient à Nouakchott, la capitale mauritanienne, paralysant toutes les activités. Entre pro-putschistes et anti-putschistes, la guerre des mots et des défis faisait rage. De plus, la police était mise à rude contribution, pour disperser les manifestations de l’opposition et mater de l’opposant.

Les anti-putschistes, visiblement plus nombreux, reprochaient au général Ould Abdel Aziz, chef de la junte militaire, d’avoir assassiné la démocratie en évinçant du fauteuil présidentiel, le président démocratiquement élu en mars 2007, Sidi Ould Cheick Abdallahi, et de vouloir accaparer le pouvoir, imposant une dictature, comme l’avait fait jusqu’en 2005, l’ancien président Ould Taya. Pour nombre d’observateurs de la scène politique mauritanienne, le général Mohamed Ould Ely Vall qui a renversé Ould Taya en 2005, a été l’initiateur d’une vraie démocratie qui a permis l’élection du civil Sidi Ould Cheick Abdallahi. C’est pourquoi, quand Dakar a voulu jouer les médiateurs entre les parties opposées dans la crise mauritanienne, le président déchu d’août 2008, a refusé toute médiation le concernant, tant que son bourreau demeurerait au pouvoir.

 

             Elections démocratiques( ?) le 18 juillet 2009 

 

Samedi dernier, il a volontairement démissionné de son poste de président, puisqu’il se considérait toujours président du pays. Mais aussi et surtout, un conseil a été mis en place, s’occupant essentiellement des questions militaires et de défense, éloignant ainsi les militaires de l’organisation pratique d’élections justes et transparentes, à l’image de celles de mars 2007.

Mais le général putschiste qui ne voulait rien admettre des propositions faites par les autres parties, s’est résolu à se soumettre après différentes négociations. Lui qui avait rendu sa démission de l’armée, pour se porter candidat à l’élection du 6 juin 2009, a fini par comprendre qu’il risquerait d’être élu sans aucune crédibilité, puisque tous les opposants avaient décidé de ne pas participer à cette « parodie d’élection ».

Et finalement, le putschiste Abdel Aziz qui s’opposait à la tenue de l’élection à une autre date que celle du 6 juin, va devoir accepter qu’elle soit repoussée au 18 juillet 2009. Le temps, pour les potentiels candidats, de prendre les dispositions nécessaires pour briguer la magistrature suprême.

En tout état de cause, la crise mauritanienne qui connaît son dénouement grâce à la médiation sénégalaise, a permis au président élu en mars 2007, Sidi Ould Cheick Abdallahi, de monter les enchères et de se faire valoir. Démontrant ainsi que sa voix compte toujours en Mauritanie.

Abdallahi a démissionné au cours d’une séance du Conseil Constitutionnelle au Palais des Congrès de Nouakchott, sous la supervision d’Abdallahi Ould Ely Salem, le président du Conseil, et devant le président sénégalais Abdoulaye Wade, le président de l’Assemblée nationale, le député Messaoud Ould Boulkheir, des membres du groupe international de contact pour la Mauritanie puis de nombreuses personnalités. Une attitude saluée par des salves d’applaudissement.

La veille vendredi, un gouvernement d’union avait été formé, et comprenant 26 personnes. Lequel gouvernement est chargé d’organiser l’élection du 18 juillet prochain. C’est le président démissionnaire, Cheick Abdallahi qui avait plus tôt, signé un décret pour la formation de ce gouvernement, puisqu’il avait obtenu la démission de l’ancien gouvernement issu du putsch d’août 2008. Aussitôt, les principaux partenaires étrangers de la Mauritanie, surtout l’Union européenne, la France et l’Espagne ont également salué le règlement de la crise.

Mais au bout du compte, il faut saluer l’initiative du président sénégalais qui a permis ce règlement de la crise mauritanienne. C’est cet apport que l’Afrique attend de ses filles et fils. Et cette solidarité agissante devrait se multiplier à travers le continent, déchiré par des conflits de toute sorte.

 

Publié dans Politique africaine

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M
bonjour,<br /> c'est un act responsable de la part du président déchu. lui au moins a une position conciliante. il sait ce qu'il veut. mais pas sûr pour le général putschiste.
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D
<br /> absolument, je partage votre point de vue,merci<br /> <br /> <br />
B
bonjour,<br /> je crois que c'est bien fait pour le putschiste d'aout 2008. la pression internationale a eu finalement raison de lui. maintenant qu'il y a un nouveau gouvernement, que dviendra t-il? Et quel role va t-il jouer puisqu'il semble qu'il y a un conseil qui a été créé.
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D
<br /> c'est le revers de la medaille, merci<br /> <br /> <br />
M
bonjour zodo<br /> très beau constat. si tous les africains pouvaient en faire de même pour leur continent. Wade du sénégal aura joué sa partition en tout cas.
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D
<br /> MERCI<br /> <br /> <br />
Z
salut<br /> la pression de la communauté internationale a tét payante. merci à l'UE, à l'Ua et aux bailleurs de fonds.
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D
<br /> EH OUI? MERCI<br /> <br /> <br />
K
bonjour<br /> quand les militaires africains comprendront-ils que les coups d'état ne paient pas? surtout quand ils opérés au détriment du président élu sans discussion comme Sidi cheick Abdallahi.
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D
<br /> c'est une question d'organisation d'administration. merci<br /> <br /> <br />