En Guinée, la junte militaire jette les bases d'une transition démocratique du pouvoir aux civils

Publié le par Denis-Zodo

Se dirige-t-on vers une sortie de crise en Guinée, un an après le coup d'Etat qui porta au pouvoir une junte militaire au bilan calamiteux ? Le discours prononcé, mercredi 7 janvier, par le président intérimaire, Sékouba Konaté, le laisse espérer.

Ce général, surnommé "El Tigre", a en effet tendu la main à l'opposition et ouvert la voie au retour à un pouvoir civil dans le pays. La Guinée attendait que ce général d'un naturel taiseux sorte du mutisme dans lequel il se tenait depuis sa nomination, au lendemain de la tentative d'assassinat du chef de la junte. Le capitaine Moussa Dadis Camara a été grièvement blessé par balles, le 3 décembre. Il est, depuis, hospitalisé au Maroc.

"Nous décidons du choix d'un premier ministre issu de l'opposition, désigné par elle-même et qui engagera avec l'ensemble des couches sociales et politiques du pays des discussions et consultations pour la mise en place d'un gouvernement de transition d'union nationale", a déclaré le général Konaté. "Il faut poser dès maintenant des actes allant dans le sens de l'apaisement", a-t-il ajouté.

"Le temps et les modalités pour y arriver, la composition de cette nouvelle équipe basée sur l'unité dans la diversité incombe désormais à toutes les parties concernées, que j'invite à tout faire pour ne pas imposer au pays une attente longue et interminable", a-t-il insisté. "Le pays ne peut continuer à attendre et souffrir davantage. La communauté internationale nous presse de hâter le pas et attend de notre part des progrès significatifs", a-t-il poursuivi.

C'est en effet le message que de hauts diplomates français et américains lui avaient transmis avec insistance, lundi, à Rabat en marge de la visite rendue par le général Konaté à Dadis Camara. Ce message avait également été délivré à Blaise Compaoré, le président du Burkina-Faso, médiateur africain dans la crise guinéenne.

Depuis la capitale rwandaise, Kigali, où il a entamé, mercredi, une tournée africaine, le ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, a, quant à lui, salué "une très bonne surprise". Le ministre craignait, en effet, que la crise, en se prolongeant, ne débouche sur "une guerre civile".

Le 28 septembre 2009, une manifestation pacifique de l'opposition protestant contre l'intention de Dadis Camara de se présenter à la présidentielle avait été réprimée dans le sang. Au moins 156 opposants avaient été tués par les "bérets rouges" de la garde présidentielle. Des dizaines de femmes avaient subi des violences sexuelles.

Une enquête, menée avec une rapidité inhabituelle par l'ONU, a recommandé à la Cour pénale international (CPI) l'inculpation, pour crimes contre l'humanité, du capitaine Dadis et de trois autres officiers. "Le rapport d'enquête devrait être prochainement transmis par le secrétaire général de l'ONU au procureur général de la CPI, sans passer par le Conseil de sécurité", explique un diplomate français. Ce processus judiciaire place le capitaine Dadis hors du jeu politique guinéen, quel que soit son état de santé réel.

Dans l'opposition, Oury Bah, numéro deux de l'UFDG, a salué les annonces faites par M. Konaté. "L'important n'est pas le choix de la personne pour le poste de premier ministre. Ce qui est fondamental, c'est le mandat, les pouvoirs et les responsabilités du nouveau premier ministre", a dit Oury Bah. Information relayée par Le Monde 

Publié dans Politique africaine

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P
<br /> Krouchner aurait bel et bien une certaine influence dans la conduite des affaires étrangères en Afrique notamment, enfin à l'ouest, parce que ne n'oublions pas c'est bien Guéant qui a été envoyé<br /> par Sarko pour finaliser les négociations avec Kagame pour le rétablissement des relations entre le Rwanda et la France la semaine dernière.<br /> <br /> De Lansana Conté, en passant par Sékou Touré et désormais Camara, les pauvres guinéens ne connaissent que dictateurs et assassins à la tête de leur pays, un des plus riches du monde soit dit en<br /> passant. Camara venait juste de signer un prêt de 3 milliards de dollars avec la Chine qui réalisait là le plus gros contrat en Afrique de son histoire.<br /> <br /> <br />
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D
<br /> merci de votre contribution. On ne peut avoir les yeux partout.chacun dirige son pays comme bon lui semble .ça fait plusieurs pays à la fois. merci de votre<br /> visite.<br /> <br /> <br />