Côte d’Ivoire : le Chef de l’Etat a enfin, son « PPTE »

Publié le par Denis-Zodo

La Côte d’Ivoire est depuis vendredi, éligible à l’Initiative PPTE, entendez, Pays Pauvres Très Endettés. Cette initiative concerne les pays pauvres, pour la plupart, concentrés en Afrique au sud du Sahara. La Côte d’Ivoire était candidate et attendait une telle opportunité, capable de lui apporter un souffle nouveau après les périodes de vaches maigres dues à la crise qui la secoue depuis le 19 septembre 2002. Dès l’éligibilité de la Côte d’Ivoire approuvée par le Fonds monétaire international (FMI) à New-York, que le représentant résidant du FMI dans le pays, Philippe Egoumé s’est rendu chez Laurent Gbagbo vendredi soir au palais présidentiel, pour lui annoncer de vive voix la bonne nouvelle. Le Président ivoirien en a été évidemment satisfait. Lui qui reposait tous les projets sur cette Initiative.

Les Ivoiriens bénéficient là d’une réduction considérable de leurs dettes, estimées à près de 6 700 milliards de FCFA. Les PPTE, c’est entre 4 00 et 5 00 milliards de FCFA par an sur plusieurs années. Mais déjà, la Côte d’Ivoire bénéficiera dans un premier temps, de la bagatelle de 115 milliards de FCFA. De l’argent qui, non remboursable, permettra de relancer l’économie ivoirienne exsangue depuis quelques années. L’aide au secteur privé et la création d’emplois sont les objectifs fixés par le FMI et la Banque mondiale, donateurs de ces fonds d’aide.

La Côte d’Ivoire goûte aux délices de cette initiative après l’échec qu’elle a subi en 2000 après le coup d’Etat militaire de décembre 1999 qui avait fait reculer les Institutions de Bretton Woods. Le pays n’avait pas alors été choisi pour figurer parmi ceux qui étaient éligibles à l’Initiative PPTE.

 

                            Les enseignants et les médecins regardent Gbagbo

 

Les grèves sociales se sont multipliées ces deux derniers mois en Côte d’Ivoire. Les enseignants exigent le déblocage des salaires et demandent comme les médecins, à être mieux traités du point de vue du salaire. 225 000 FCFA, l’équivalent de 345 Euros par mois. C’est ce que perçoit un médecin en Côte d’Ivoire. Pas normal, selon les médecins, après 7 à 8 ans d’études en médecine. En tout cas, les hôpitaux et les écoles ont été abandonnés durant des jours et des jours, au grand dam des malades et des apprenants.

Devant le bras de fer que constituaient ces mouvements d’humeur, le Chef de l’Etat a rencontré les enseignants du secondaire qui avaient eu presque tous, leurs salaires de fin février suspendus pour une grève de 10 jours en janvier. En vue de mettre fin à la grève entamée par ceux-ci pour réclamer le paiement de leurs salaires, des enseignants se sont vus arrêtés par la police, sous prétexte de troubles dans les écoles. La situation devenait inquiétante quand le Président Gbagbo convoqua pour une franche discussion ses collègues enseignants. Il leur a donc tenu un langage de vérité, mais sans violence, contrairement au ministre de tutelle. « Si je vous dis que l’Etat peut satisfaire à la requête d’augmentation de salaire des fonctionnaires, j’ai menti. L’Etat ne peut s’engager à le faire (…). Restez calmes et reprenez le travail. Vos salaires seront rétablis et vos camarades arrêtés seront libérés. Mais ne créez pas des situations qui pourraient entacher l’éligibilité de la Côte d’Ivoire à l’Initiative PPTE. Car, si le 27 mars nous sommes éligibles, c’est 500 milliards. Et à partir de là, je pourrai vous répondre », avait à peu près déclaré le N°1 ivoirien. Maintenant que le pays est éligible à l’Initiative PPTE, que dira t-il aux fonctionnaires ? C’est cela la grande interrogation. Au moment où le FMI et la Banque mondiale demandent que la masse salariale des pays pauvres ne dépassent pas 35% des recettes propres du pays. Or, il semble que la Côte d’Ivoire soit un peu au-delà des 35% exigés par les Institutions de Bretton Woods.

Toujours est-il que le Chef de l’Etat ivoirien devra dire quelque chose aux fonctionnaires s’il ne veut pas que ceux-ci reprennent leurs mouvements. Il trouvera certainement quelque chose à leur dire, si jamais, las d’attendre, ils entrent en grève. Leur demandera t-il encore de patienter ? Assurément non. Mais tel qu’on le connaît, Gbagbo a plusieurs tours dans son sac. Et il ne devrait pas souffrir à convaincre les plus crédules du groupe. Pour les plus incrédules, ils devront aller se faire voir ailleurs. Pas de temps pour eux. Ainsi va le pouvoir actuel de Laurent Gbagbo dit « La Refondation ».

Mais loin de constituer un bon point politique pour Gbagbo, l’Initiative PPTE pourrait être un piège pour lui. Tous les regards seront tournés vers lui pour tel projet de développement ou telle action à mener. Le partage assurément, sera difficile. Et c’est là que les critiques couleront à flot. Or, arrive le temps des élections. Voilà de quoi donner des grosses gouttes de sueur au Chef de l’Etat.  

Publié dans Economie

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C
le chef de l'etat a reussi à obtenir son p.p.t.e., cela suffira à réaliser lesélections dans le temps?
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D
<br /> merci, il a obtenu ce qu'il voulait !!!!<br /> <br /> <br />