Zone ex-rebelle : le canon tonne encore !

Publié le par Denis-Zodo

 On croyait l’accalmie de retour pour de bon en  zone sous contrôle des Forces nouvelles. Mais que non ! La menace des armes est encore présente dans cette zone de Séguéla, gérée par le Commandant Ouattara Issiaka dit « Wattao », par ailleurs Chef d’état-major adjoint des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN). Ce dernier doit son poste de Commandant de la zone de Séguéla à la « désertion » de Koné Zackaria le 18 mai 2008. Une désertion qui lui avait valu son relèvement de ses fonctions. Le chef militaire avait alors disparu de la circulation puis annoncé peu après, à Ouagadougou. Mais ses partisans au sein de l’ex-rébellion ne jurent que pour lui et par lui. Ils avaient d’ailleurs manifesté de façon violente, juste après que leur mythique chef a été écarté, pour réclamer son retour.  Mais étaient revenus à de meilleurs sentiments. Mais le mardi 25 novembre 2008, tôt le matin, entre 04 h 30 et 05 h 30, heure locale (GMT), des inconnus, munis d’armes à feu, ont tenté selon un communiqué produit par l’état-major des FAFN, de « prendre la poudrière du commandement » de Séguéla sans y parvenir, puisqu’ils ont été repoussés par les éléments des Forces nouvelles de cette zone. Ces insurgés ont tout de même pu « libérer » des prisonniers. Le bilan de ces affrontements se chiffre selon ledit communiqué, à deux (1) mort de chaque côté. D’autres sources révèlent cependant qu’il y a eu une dizaine de morts chez les assaillants. Plus d’une trentaine, selon d’autres informations. Des arrestations ont dit-on, été opérées, et un interrogatoire a cours pour savoir les tenants et les aboutissants sur cette affaire. Et pour maîtriser la situation que certains présentent déjà comme une situation sous contrôle, les Forces nouvelles (FN) ont tout de suite instauré un couvre-feu qui court de 20 h à 05 h du matin.

S’il est vrai que le communiqué des ex-rebelles ne mentionne rien des auteurs et de l’origine de l’attaque, les regards sont tournés vers Koné Zackaria, l’ancien Commandant de Zone des Force nouvelles à Séguéla. La semaine dernière seulement, deux journaux ivoiriens avaient publié un entretien du mythique, du mystique et du redoutable chef de guerre des ex-rebelles, en rupture de ban avec la hiérarchie de son mouvement. L’homme avait demandé à ses fidèles de rester mobilisés et de ne pas fléchir. Ne s’arrêtant pas là, il avait déclaré que leur leader, le premier ministre Guillaume Soro avait trahi la lutte, pour avoir accepté la proposition de Gbagbo d’être premier ministre. Cette sortie qui du reste, a été perçue comme une menace a-t-elle quelque chose à avoir avec l’attaque de lundi à Séguéla ?

 

                                              

De la précarité de la situation

 

Avant, c’était le Sergent-chef Ibrahim Coulibaly dit IB, ancien membre influent des Forces nouvelles, aujourd’hui mis à l’écart, qui était porté à l’indexe lorsqu’il y avait des attaques internes. Mais après des affrontements directs entre ex-rebelles, depuis 2004, soldés par la mort d’un chef militaire de Bouaké nommé Bamba Kassoum dit Kass, la situation interne des ex-rebelles n’a jamais été rassurante. Toujours des affrontements qui aboutissent à des morts d’hommes. Si bien que l’on se demandait si la rébellion ne s’auto-détruisait pas elle-même. En fait, comme toutes les rébellions du monde qui disparaissent d’elles-mêmes, l’on attendait que celle en Côte d’Ivoire mange ses propres enfants. Et ce n’est pas du tout faux, puisque l’assassinat de Coulibaly Adama dit Adams, un chef militaire de Korhogo au nord du pays en 2004, les affrontements meurtriers de juin 2004 entre pro-Soro et pro-IB, puis ceux de 2005 entre les deux camps, sanctionnés par l’assassinat dudit Kass, commanditaire de cette attaque, ont fait dire aux uns et aux autres que le mal était profond. A dire vrai, ils sont nombreux, les chefs de guerre de l’ex-rébellion qui ont pris la clé des champs, après des incompréhensions. Pour fuir la menace d’une répression. Si bien que dès la survenue de l’attentat qui avait visé le premier ministre Guillaume Soro fin juin 2007 à l’aéroport de Bouaké, les regards de certains Ivoiriens étaient tournés vers IB et ses partisans. Avec les événements du 28 juin et du lundi 24 novembre dernier à Séguéla, l’on a vite fait le lien avec le limogeage de l’ancien Commandant de Zone des Forces nouvelles dans la région, Koné Zakaria. Sans compter les remous du mois d’août, relatifs à des problèmes de primes des ex-combattants regroupés. En tout cas, les différentes crises intervenues au sein des ex-rebelles, ont été la preuve pour certains, que rien ne va plus dans l’ancienne rébellion. On entend même dire que Soro Guillaume, par ailleurs secrétaire général des Forces nouvelles, ne maîtrisait plus ses hommes. « Avant, oui. Mais maintenant, non », affirment mordicus ces Ivoiriens. Et ces derniers, d’estimer que divisées, les Forces nouvelles sont plus que jamais affaiblies, et donc facilement vulnérables. Du jour au lendemain, il ne faudrait donc pas s’étonner de voir le mouvement cher à Guillaume Soro disparaître comme un feu de paille, analyse t-on dans certains milieux. Mais au-delà de la survie de l’ex-rébellion, il est nécessaire de s’interroger sur la situation de la zone. Car, si les activités de tous ordres ont repris en zone contrôlée par les ex-rebelles, comme c’était le cas avant cette crise, il n’en demeure pas moins que les opérateurs économiques qui ont accepté de revenir à Bouaké et ailleurs, ont besoin de sécurité, de sérénité et de confiance. Mais lorsque les armes continuent de tonner, l’assurance fout assurément le camp, et oblige les investisseurs à prendre du recul et à observer de loin l’évolution des choses. Au plan purement politique, les opérations d’identification et de recensement électoral, débutées récemment à Bouaké et ailleurs dans cette zone, pourraient ne pas connaître un succès franc si des troubles, consécutifs à des empoignades entre forces rivales, surviennent constamment et même occasionnellement. Car, on ne sait jamais quand des heurts peuvent commencer. De ce fait, le premier ministre peut-il rassurer que désormais les choses iront dans le bon sens, dans une zone qui, jusqu’à preuve du contraire, reste sous le contrôle de ses hommes ?  Mais Dieu aidant, les éternels « rebelles » sauront qu’il ya un début à tout, et une fin à tout. Les incessantes attaques ne pourront pas réhabiliter Koné Zakaria à son poste de Commandant de zone de Séguéla. Il est tout à fait nécessaire que les commanditaires et auteurs prennent conscience du caractère nocif et dangereux de leurs actes. Car, non seulement il n’est pas certain de pouvoir s’imposer aux hommes de Soro, mais ils mettent en danger, la vie d’innocentes personnes qui vivent dans ces zones de combat. Il y a alors lieu de se raviser et d’arrêter de créer des tensions inutiles. Une autre rébellion ne sera jamais excusée à l’heure actuelle, où l’on pense être si prêt de la paix. Mais il serait aussi nécessaire pour Guillaume Soro de discuter avec IB, Konaté Daouda et les autres chefs militaires de l’ex-rébellion en disgrâce et hors du pays, pour éviter une généralisation de la situation. C’est une, je dis bien une des conditions du règlement de cette situation interne aux Forces nouvelles.

Publié dans Politique ivoirienne

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