L’intoxication alimentaire en Côte d’Ivoire : pourquoi tant de légèretés ?

Publié le par Denis-Zodo

Depuis le mardi 18 novembre dernier, environ 17 personnes sont mortes, après avoir consommé de la bouillie vendue par une femme. Les faits se sont déroulés dans le village d’Ahounien-foutou, situé dans le département de Bongouanou, au centre-est de la Côte d’Ivoire. L’information a fait la une de toute la presse locale, ce lundi 24 novembre 2008. Cette situation est si préoccupante que le Chef de l’Etat Laurent Gbagbo s’est rendu dans le village le même lundi, pour apporter le soutien moral et financier de l’Etat à ces populations meurtries. Le ministre de l’Intérieur et celui de la Santé et de l’hygiène publique ont devancé le Président de la République la veille, sur les lieux. Les plus chanceux ont été admis à l’hôpital de Bongouanou pour être réanimés.

 Mais, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on remarque que les accidents de ce genre sont devenus monnaie courante dans le pays. On se rappelle qu’en 2001, une intoxication alimentaire du même type avait fait des morts à Labokro, dans le district de Yamoussoukro, la capitale politique de la Côte d’Ivoire. Idem en 2007 dans le village de Kimoukro, dans la sous-préfecture de Kocumbo, dans le Centre du pays et en 2008 dans la ville de Biankouma. Certains avaient consommé un repas, d’autres de la bouillie. Toujours est-il que des hommes, des femmes et des enfants meurent dans des situations jamais élucidées. Le Chef de l’Etat Laurent Gbagbo, en visite de compassion dans ce village, a saisi l’impact de la négligence qui prévaut. Car, auparavant, les uns et les autres ont partagé des soupçons. Et après, rien. Le N°1 ivoirien a alors demandé que des analyses sérieuses soient faites cette fois-ci, pour espérer éviter à la longue des situations dramatiques comme celle qu’on connaît en ce moment. « (…). Ce n’est pas un accident banal. Il faut donc des analyses pour que nous sachions ce qui a provoqué la mort de ces personnes dont la plupart sont des enfants », a préconisé Laurent Gbagbo. Parce que, il y a effectivement lieu de s’interroger sur ce qui provoque de telles situations. Une volonté de faire mal ou un simple acte d’inattention ? Peut-être l’un, peut-être l’autre. Mais ce sont seulement les enquêtes qui pourraient le déterminer. Si seulement elles sont poussées. Peut-être qu’elles le seront cette fois. Car, par le passé, elles n’ont servi à rien, si bien qu’elles donnent raison à ceux qui pensent que dans ce pays, les enquêtes débutent mais ne prennent jamais fin. En clair, elles n’aboutissent jamais. Et ce n’est pas du tout faux, puisque à Labokro, à Kimoukro, comme à Biankouma, l’on avait été informé des malheurs survenus, sans toutefois avoir eu des informations sur les conclusions de ces événements regrettables.

 Puisqu’il se serait agit, selon la presse, d’une querelle banale entre deux dames du village et marchandes de bouillie de maïs ; dispute après laquelle, malheureusement, le lendemain, les premières victimes ont été enregistrées, les enquêtes sur l’affaire arriveront-elles à déterminer s’il a été question d’une volonté de nuire ou s’il n’était question que d’un cas d’inattention ou d’une autre situation indépendante de la volonté de celui ou celle par qui le dégât est arrivé ? Est-ce l’une des dames qui a déversé une substance nocive dans la poudre de maïs de l’autre marchande à l’effet de lui créer des problèmes ? Est-ce un produit toxique déversé pour donner la mort aux rats et souris de maison qui a été transporté dans cette poudre de maïs par un de ces animaux en quête de nourriture ? Ou s’agirait-il d’une substance dangereuse pour la vie humaine qui, ressemblant de fort belle manière à du sucre ou à un autre produit utilisé pour la fabrication de la bouillie, a été déversé par inadvertance dans la nourriture à consommer ? Il va falloir se poser toutes ces questions pour prétendre savoir la vérité sur cette affaire. C’est un peu comme dans un village du centre-nord de la Côte d’Ivoire où un soir, une vieille femme d’une soixante quinzaine d’années entend faire « sa » cuisine à part, laissant ses belles-filles et petites filles faire la leur. Mais la vieille dame qui n’était plus en possession de tous ses sens, finit par déverser un peu de reste de liquide du produit utilisé pour tuer les bêtes sauvages sur les plans de maïs au nord, et sur le café et le cacao au sud et à l’ouest. La vielle femme pensait là qu’elle avait affaire à des assaisonnants autres que du poison, cette nuit tombante. Partager un peu de sauce de graine de palme avec ses petits-enfants n’était pas une mauvaise chose en soi. La suite ne fut pas du tout agréable. Sauf que contrairement à Labokro, à Kimoukro, à Biankouma et à Ahounien-foutou, il n’y a pas eu de mots. C’est dire jusqu’où l’on peut être peu attentif. Pourtant, déjà, on voyait la main de l’épouse du fils disparu il y avait seulement quelques mois. Certains voulaient coûte que coûte, lui faire porter le chapeau, pour la présenter comme une sorcière qui, après avoir tué mystiquement le fils, a failli donner une mort collective aux autres membres de la famille. Mais avec beaucoup plus de recul, la vérité a fini par être connue. Il ne s’agissait donc que d’un acte d’inattention. C’est pourquoi, les enquêteurs commis à la tâche à Bongouanou, devraient doubler de vigilance, et se poser beaucoup de questions, avant de trancher ; afin que tous sachent les raisons d’un tel malheur. Cela éviterait qu’à la longue, d’autres cas similaires se reproduisent.

Publié dans société

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