Le clonage, une criminalité déguisée.

Publié le par Denis-Zodo

 

Annoncé à grand renfort médiatique, le clonage fait l’objet de polémique dans toutes les sociétés du monde aujourd’hui. Le clonage suscite une certaine peur et fascine aussi beaucoup de personnes qui y voient un moyen d’ouvrir les fantasmes les plus fous. Qu’est ce que le clonage ? En quoi constitue t-il un danger ou un avantage pour les sociétés ? Au-delà, n’y a-t-il pas d’obstacles éthiques et sociaux ?

Le clonage résulte d’un transfert du patrimoine génétique complet d’un individu, puis de sa duplication au sein d’un individu hôte. C’est une technique qui consiste à développer une lignée de cellule, à partir d’une cellule unique qui présente des caractéristiques intéressantes et qu’on isole après une sélection très stricte. Il s’agit en claire de créer un être vivant ou animal en tout point semblable à son modèle.

Contrairement à l’opinion dominante, il existe deux types de clonage. Il s’agit du clonage reproductif, aboutissant à la naissance d’un être humain ou animal, et du clonage non reproductif qui ne conduit pas à la naissance, car l’embryon est interrompu dans sa croissance.

Le dernier type cité recouvre deux techniques déjà usitées ayant des motivations différentes :

d’une part, la production de culture d’origine embryonnaire ou adulte qui ne peut donner par elle-même à la constitution d’un embryon à des fins de recherche diagnostique,

d’autre part, la production d’embryon dont le développement serait arrêté à un stade précoce pour obtenir des cellules immuno-compatibles à des fins de thérapies cellulaires, c’est-à-dire produire les souches ou des organes destinés à soigner ou à constituer de ‘’pièce de rechange’’ chez les malades.

Ainsi, lorsque des chercheurs américains annonçaient il y a quelques années, avoir obtenu 5 embryons humains clonés à partir de cellule de peau d’un homme adulte et d’ovocyte sans noyau, on y voyait un espoir pour la médecine régénérative.

Le clonage a des avantages certains qui sont d’abord, la perpétuation du lignage biologique en cas de procréation sexuelle impossible (couple stérile, homosexuel ou malades).

Ensuite, la transplantation de cellules souches d’embryon humain mises en culture en vue de régénérer les fonctions organiques abîmées ou détruites dans les cas de maladies graves et mortelles comme la maladie de parkinson, et l’alzeimer, et aussi en cas d’incompatibilité de greffes.

Enfin, l’utilité du clonage concerne  surtout les réelles avancées dans la technologie des greffes.

Cependant, beaucoup de divergences demeurent entre les partisans d’une interdiction totale du clonage humain et ceux d’une interdiction limitée du clonage reproductif, en raison des limites évidentes de celui-ci.

 

                                                  Des limites au niveau technique

 

La réalisation actuelle du clonage apparaît difficile. En effet, le taux de réussite est extrêmement faible et une technique scientifique non encore maîtrisée. La naissance de nombreux bébés n’a pu se produire.

Il en résulte une mortalité embryonnaire forte, des anomalies croissantes de développement des Etres clonés. Par exemple, sur 29 clones, on a enregistré que 5 embryons.

De plus, on crée des êtres nés vieux génétiquement car les chromosomes restent identiques à ceux de celui dont il est le clone.

Aussi, il y a trouble à la diversité génétique.

En effet, la technique de dupliquer le matériel génétique et de le faire proliférer dans la nature, induit une dangereuse réduction de la diversité génétique dont les risques sont graves, notamment le ralentissement de l’évolution des espèces et la diminution de l’adaptabilité à l’environnement. Il est vrai que le clonage thérapeutique peut se faire à partir de n’importe quel cellule de l’homme, mais, certaines cellules peuvent rester embryonnaires et ne pas se différencier et cela rend le greffage grave. De plus, une cellule ES (cellule souche) est tu- morigène (source de tumeur) et peut provoquer un cancer.

Lors d’une différenciation de cellules in vitro, il n’y a pas 100% de cellules nerveuses et 100% de cellules musculaires. On a toujours une population hétérogène. Il faut donc une technologie pour trier et isoler les cellules, afin d’obtenir les cultures pures. Le clonage reproductif donne beaucoup de ‘’monstres’’ en raison des insuffisances.

Comme on le voit, les inconvénients techniques majeurs s’opposent à l’application sur l’homme, des techniques de clonage thérapeutique.

On le constate, la possibilité du clonage a suscité d’intenses émotions partout dans le monde. Dès son annonce, plusieurs personnes l’ont condamné selon leurs convictions personnelles.

Pour les uns, le problème d’éthique est alarmant, pour les autres, les problèmes sociaux et juridiques y sont criants.

 

                                                   La limite éthique est réelle

 

En effet, le clonage humain est inacceptable, car ce serait réduire le clone créé, à un état d’asservissement de la personne humaine clonée. C’est une atteinte à la dignité et à l’intégrité de la personne humaine. Les embryons ne sont pas les jouets ou les rats de laboratoires que l’on peut sacrifier à loisir. C’est donc un acte criminel déguisé.

Les chercheurs et industriels y voient des débouchés juteux. C’est pourquoi, plusieurs démarches législatives n’ont pu donner de résultats réels.

Pourtant les barrières juridiques sont réelles. Le caractère unique de chaque Etre est exprimé de façon immédiate par l’unicité d’apparence d’un corps et d’un visage. Vers quelle réalité sociale nous conduirait une production identiques et semblable d’individus ?

Comment pourrait-on vivre en étant le double de quelqu’un, dépourvu d’identité propre ? Le droit ne recommande t-elle pas que le patrimoine d’autrui soit personnel ?

Au-delà de ce problème, il y a la question de la filiation du nouveau-né. Il serait à la fois le descendant d’un adulte et son jumeau ; un problème d’identité civile.

Quel est le statut civil de l’embryon ?

On le voit, le clonage humain reproductif inaugurerait un mode de filiation hautement problématique et viderait même de son sens, l’idée de filiation. Or, le cloné ne doit être dépourvu d’identité, ni de filiation et encore moins de droits successoraux.

Aussi, laisser un patrimoine dégénérer à sa descendance est un mal, un crime évident.

C’est pourquoi, des obstacles législatifs identifiés doivent être améliorés et appliqués.

D’abord, la question du clonage touche la bioéthique, c’est-à-dire l’étude des préceptes moraux qui doivent ou devraient accompagner toute pratique médicale, toute intervention biologique sur l’Etre humain depuis sa conception. Et des commissions se réunissent régulièrement pour étudier des thèmes, dont le clonage.

La loi veil (1975), la loi cuillevet (1976) et la loi sur la procréation assistée, évoluent bien dans le sens de la bioéthique.

Il est vrai que le clonage est libre dans certains pays pour le moment, mais un protocole de conseil d’Europe interdisant le clonage a été signé entre 22 Etats européens dont la France. De plus, en 1997, la déclaration universelle sur le génome humain et les déclarations de l’homme de l’UNESCO fournissent un cadre juridique et éthique pour les activités touchant au génome humain.

L’UNESCO interdit par ailleurs expressément, le clonage humain. A l’issue d’un colloque international sur la bioéthique et le droit de l’enfant, on a affirmé qu’il est essentiel que le corps humain et ses parties ne soient pas instrumentalisés.

Toutes ces dispositions augurent de la lutte contre le clonage. La France quant à elle, est avancée en matière de législation contre le clonage. La loi relative à la bioéthique adoptée le 6 août 2004 interdit le clonage humain, qu’il soit reproductif ou thérapeutique. Le clonage reproductif constitue un crime contre l’espèce humaine et est puni de 30 ans de réclusion criminelle, et 7,5 millions d’Euros d’amende. Le clonage thérapeutique est passible de 100.000 Euros d’amende et de 7 ans de prison.

 Les Nations Unies ne sont pas en reste, mais la déclaration n’est pas contraignante, car le texte se limite à encourager les gouvernements à interdire toute forme de clonage humain, dans la mesure où celui-ci serait incompatible avec la dignité et la protection de la vie humaine, à travers une législation nationale.

Ce texte a été faiblement adopté (84 voix pour, 34 contre, et 37 absentions) en raison d’une influence des industriels du clonage. Il est donc nécessaire d’harmoniser les lois internationales sur la répression du clonage.

 Les religions et les sectes ont leurs points de vue divergents sur la question du clonage. Selon le mouvement Raélien du Français Claude Vorilon (Raël), la vie sur terre aurait été créée par les extra terrestres, technologiquement très avancés ; les Olohim. Pour lui, cela y va de l’importance des avancées scientifiques et technologiques. C’est pourquoi, il soutient les recherches sur le clonage humain qui constitue pour lui un moyen d’atteinte de l’immortalité. L’église catholique, elle, est opposée à tout type de clonage et s’oppose à toute recherche sur l’embryon. Selon elle, permettre le clonage thérapeutique, c’est ouvrir la voie au clonage reproductif, aux risques et dérives incalculables. La vie de l’homme commence par l’embryon. Lequel embryon est donc digne de droit à la vie et à l’intégrité.

Le judaïsme  l’admet en cas de stérilité du couple.

Le bouddhisme le tolère, à condition de ne pas modifier le patrimoine génétique.

Quant à l’islam et le protestantisme, ils ont une position réticente mais pas totalement opposée, en référence à d’éventuels bénéfices thérapeutiques.

Mais qu’en est-il de la pauvreté et le clonage ?

Le clonage est une technique prohibitive. Les recherches coûtent très chères, et tous les essais nécessaires pour avoir un embryon sain augmentent les prix de l’opération. C’est donc la thérapie des riches qui ne saurait être intéressante pour les pays en voie de développement. Aussi, dès lors que le clonage thérapeutique est autorisé, la question  de l’obtention des ovocytes pour disposer d’une cellule dont on ne gardera que le cytoplasme, va se poser. C’est à ce moment que les industries impliquées dans cette biotechnologie visiteront l’Afrique, car la question de l’intérêt nous fera déboucher sur une nouvelle forme de commerce : « l’émergence des vendeuse d’ovules ». 

    

 

           

 

   

   

Publié dans société

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