La révolution cubaine

Publié le par Denis Zodo

Le Cuba, Etat indépendant, est une île longue et étroite, en forme d’un caïman d’environ 1200 km de long. Objet de plusieurs critiques, il reste toutefois un modèle et une référence. Pour s’en convaincre, la survie de cette révolution face à l’impérialisme américain et occidental qui relève du miracle, s’apparente à la victoire mythique de David et de Goliath. On est donc curieux de savoir comment Castro a-t-il procédé pour réussir les causes réelles de cette révolution et d’où tire t-elle sa légitimité ? On pourra enfin, donner les secrets du blocus économique et le devenir de Cuba après Castro. ‘’El Lider Maximo’’ est un homme politique du régime révolutionnaire de Cuba. Fidel Castro, homme politique charismatique a fait de Cuba un modèle alternatif et une référence de développement économique et sociale indiscutable.

En effet, durant les différentes phases de la révolution, Castro n’a connu qu’une évolution linéaire qui a fait de lui, le leader de la ruse politique, caractérisé par sa constance et sa rigueur. Après la révolution de 1959, les Etats-Unis, partenaire commercial de Cuba coupèrent tous les liens économiques, non sans retirer tous leurs biens. Tous leurs partenaires ont été sommés de suspendre leurs relations avec le Cuba. Coupé du reste du monde, il sera dans une misère qui lui imposera la ruse pour déjouer le plan impérialiste des américains, visant à fragiliser et démanteler le gouvernement révolutionnaire de Castro. Isolé par le blocus économique impérialiste, la révolution cubaine a orienté son économie vers le bloc soviétique, mais celle-ci a dû plier devant les exigences de Kremlin, en raison des conditions trop démocratiques que celui-ci lui imposait. Devant cette contrainte et face à une crise qui frappait tous les secteurs, Cuba a été contraint de réorganiser toute son économie en tenant compte de la pénurie de ressources et d’un besoin urgent de nouveaux partenaires commerciaux. D’où, la transformation radicale de ses industries, la décentralisation de ses administrations et les procédés au progrès de la bureautique décentralisée. Cette orientation a connu ses lettres de noblesse après la dislocation de l’URSS au profit du Komicon.

Ainsi, l’économie va connaître une hausse. Mais, Castro, en despote, règne sans partage et jette en prison tous ceux qui osaient le défier. Il n’est point besoin de dire que le pays repose sur une politique sociale inégalitaire, donc injuste. A preuves, plus de 240 prisonniers politiques croupissent dans les maisons d’arrêt du pays et un nombre considérable de ses adversaires vivent en exil, en attendant sa mort. Les USA, alors agissant en maître expliquent la cause de l’embargo économique par les atteintes aux droits humains. L’occident quant à lui, dénonce son comportement révolutionnaire. Malgré tout cela, le Cuba continue de jouir d’un prestige aux yeux de certains pays en développement et Etats communistes.

De fait, les Américains considèrent le socialisme comme une aberration qu’il faut rapidement corriger au risque qu’il ne se propage dans le monde entier. C’est pourquoi, le Cuba a accepté le processus d’insertion dans le tissu économique mondial, en s’ouvrant sur l’extérieur pour sauver l’entreprise sans la dénaturer. Castro avait un secret : appliquer une économie capitaliste dans une logique socialiste. Ainsi, face aux effets secondaires désagréables de cette ouverture économique, en occurrence, l’accroissement des inégalités, il ne va introduire qu’un seul impôt sur les revenus à Cuba. On le voit, Fidel Castro a fait preuve d’une ruse politique à nulle autre pareille. Mais de fait, d’où tire t-il la légitimité de la révolution ? La situation de dépendance de l’île vis-à-vis des USA qui s’est perpétuée à chaque changement du pouvoir était devenue inacceptable par le peuple cubain. Si bien que le renversement de Batista, loin d’être une dictature devrait être analysé comme une occasion d’offrir à ce pays sa réelle indépendance. Et c’est, cette idée d’indépendance qui a rallié les cubains à la cause du leader incontesté.

Aujourd’hui, même avec l’indépendance de Cuba, ses détracteurs n’attendent que sa mort pour rétablir la démocratie et libérer le peuple cubain de son gîte autoritaire, chose que Fidel Castro sait depuis le début de la lutte. C’est pourquoi, malade depuis mars 2006, il n’a cessé de faire accepter son frère cadet, Raoul Castro, âgé de 76 ans. Tout aussi pragmatique, réputé excellent organisateur, et ministre de la Défense depuis la première victoire de la révolution, en 1959, Raoul Castro apparaît donc comme l’homme de la continuité et Président gardien de l’héritage. C’est pourquoi, il a été élu récemment à la tête de Cuba par les Députés en présence du Conseil d’Etat et du conseil des ministres. Lors de son discours d’investiture, il a promis un changement pour ‘’fortifier’’ une économie étouffée par une pesante bureaucratie et un embargo américain.

Est-ce le signe d’une autre révolution dans la révolution ? Bien malin qui pourrait répondre avec exactitude. Quant à Fidel Castro, à 81 ans bien sonné et souffrant d’une hémorragie intestinale, il  demeure toujours auprès de son frère cadet pour le guider.

Raoul réussira t-il ce pari, ô combien ambitieux ? Attendons de voir…    

(Publié dans le quotidien ivoirien "Le Jour Plus" du 06 mars 2008)

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